Delma. Une des villes que Linwë connaissait le mieux de tout le territoire Eldorien. Et particulièrement la bibliothèque. Une véritable mine d'or qui semblait s'étendre sur des kilomètres. Elle en avait passé des journées, à s'abîmer ses yeux or à la lumière des bougies. Elle en avait usé de diplomatie et de persuasion auprès de ses compagnons de l'époque pour rester quelques jours de plus dans la cité. Nomades et voyageurs n'ayant pas le droit de garder les ouvrages avec eux, à chaque passage à Delma, elle négociait avec sa troupe, au moins trois jours d'études. Ses connaissances en herboristerie venaient principalement des parchemins présents dans le Portail du Monde. C'est en partie ici que le pouvoir de l'Elfe avait pris forme, qu'elle avait pu le penser et le développer. Seulement, depuis qu'elle avait décidé de mettre un terme à sa vie en communauté, elle n'était plus revenue dans la Cité des Savants. Par manque d'occasion plus que par manque d'envie. Ses propres pérégrinations ne l'avaient jusqu'à présent pas emmené jusque-là.

C'est donc avec une certaine émotion que Linwë se présenta aux portes de la cité. Une émotion due à ses retrouvailles avec cette cité qu'elle estimait beaucoup, mais également à cause d'une suite d'évènements fâcheux. Il fallait croire que depuis quelques mois, les chemins dans la région de Delma avaient été pris d'assaut par des hordes de brigands et autres hors-la-loi. Et Linwë en avait fait les frais. En étant une femme, elfe ou autre, seule et avec un goût prononcé pour les voyages, c'était un risque réel. Elle en avait conscience et ce n'était pas la première fois qu'elle se faisait importunée voir violentée. Jusqu'à aujourd'hui, elle avait accepté ces aléas qui faisaient partie de son choix de vie. Mais ces attaques étaient de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes. Le bâton sur lequel s'appuyait l'elfe en attestait. Les coups qu'elle reçut lors d'une quatrième attaque en moins d'un mois avaient eu raison d'elle et de sa jambe bandée qui cachait une belle entaille. Sans compter sur les échos qu'elle avait eus des villages. C'en était trop.

Elle avait connu le nom du chef de la garde de Delma à une époque. Un certain Haradruin Nîm-Urthelond. Un nom aux consonances elfiques. Par chance, cet homme était toujours en poste et elle put demander une audience. Il possédait une réputation solide en matière de répression et elle espérait pouvoir quérir son aide pour repartir en sécurité dans des contrées moins hostiles. Et par la même occasion l'avertir du danger qui courait sur ses routes. Linwë dut faire preuve d'une certaine détermination pour rencontrer le chef de la garde. Elle utilisa tour à tour l'attendrissement et la compassion, la colère et l'irritation face aux gardes qui ne souhaitaient pas qu'une marchande ésotérique dérange leur Bailli. Mais face à l'entêtement de l'elfe, ils cédèrent. Et c'est avec une certaine satisfaction que deux jours après sa violente attaquent et son arrivée précipitée à Delma que Linwë se présenta à la porte de Ser Nîm-Urthelond. Le bâton qui lui servait d'appuie le long de son corps et parée d'une longue cape grise à fourrure, Linwë toqua à la porte du Bailli de Delma.