« Laissez-moi vivre »
La première fois que j’ai vu ce loupiot, c’était il y a un sacré bout de temps. Au moins une demi-douzaine d’années, mais j’m’en souviens comme si c’était hier.  J’étais assis là, à la même table. A l’époque, l’auberge du Maraudeur n’était guère plus fréquentable, mais passons. Je regardais le butin de mon dernier assassinat en écoutant les rumeurs ponctuées d’autant de jurons que de ponctuation, tout en sirotant une petite bouteille. La soirée se voulait des plus calmes, avec moins de bagarre qu’à l’accoutumé. ‘Fin, bref. J’allais finir mon gobelet d’un trait que la porte claqua violemment, réveillant même les plus éméchés. Un hybride de la taille d’un adolescent venait de se faire remarquer de toute la taverne. Vêtu d’haillons usés, le gosse dévisageait d’un regard des plus haineux chacun des clients, moi y comprit. Même le plus idiot aurait pu comprendre qu’il venait de s’échapper. ‘Suffisait de voir le collier en métal qu’il trimballait autour du cou et les larmes de colère qu’il tentait encore de refouler pour comprendre qu’il n’avait pas un maitre des plus affectueux.

Malheureusement, l’endroit où il s’était réfugié grouillait de gens capable de le ramener à son tortionnaire pour être payé. Et c’est ce qu’une pourriture répondant au nom de Tolrek avait en tête à ce moment-là. Ce gros tas s’approchait du loupiot en marmonnant des gentillesses plus grosses que lui pour tenter de le calmer, en vain. Le gamin sommait qu’on le laisse tranquille, avant de sortir un surin de sa poche puisque le gros continuait d’avancer. C’est alors qu’un acolyte de Tolrek saisit le gosse de dos, et lui fit quitter le sol pour l’empêcher de s’enfuir. J’étais prêt à m’interposer, voyant l’hybride gesticuler comme un diable, jusqu’à ce que son ravisseur en surpoids ne lui prenne le surin des mains. Pendant ce bref contact, l’hybride fixa son regard rempli de hargne dans celui de l’humain en face de lui, puis subitement, arrêta de se débattre. L’acolyte observa  son supérieur, circonspect, avant que ce dernier ne vienne lui reprendre le corps sans vie du gamin. La suite, personne ne l’aurait prédit.

Le bras massif du chef venant frapper son second jusqu’à l’envoyer valdinguer contre le mur fut bien la dernière chose que je puisse imaginer. Mais le plus étonnant fut encore de voir le gros balourd échapper quelques larmes en scrutant le public du même regard que l’enfant. J’avais entendu parler de cette magie qui leur permettait de prendre possession des autres, mais voir ce gamin au travers de son hôte m’avait agréablement surpris. Néanmoins, avant que la situation déjà tendue ne s’envenime, je décidai d’assommer Tolrek après m’être glissé derrière lui, priant pour que le gosse retrouve son vrai corps. Je le pris alors le loup sur mon épaule et l’amena chez moi.

J’allais devenir son père adoptif.


Zayev a murit depuis ce temps-là. Il s’est endurci et est dorénavant d’un calme à toute épreuve.  Il a beaucoup apprit au contact de son mentor, qu’il considère comme le père qu’il n’a jamais connu. Du déplacement silencieux à la maitrise de sa magie de possession, de la traque de sa cible jusqu’au maniement de la dague, l’hybride se pense apte à devenir le bras armé ou la main leste de quiconque réclame ses services. Toujours considéré comme esclave, il vagabonde en redoutant le jour où il recroisera le regard de son maître. Le sceau gravé au fer rouge sur son oreille est toujours là pour lui rappeler son ancienne vie qu’il préféra fuir au profit d’une liberté totale. Maintenant, le jeune loup veux découvrir le monde et cherche à rejoindre une confrérie d’assassin. Ses recherches le mèneront certainement à la Pie Écarlate. Et si en chemin, il se voit la chance d’aider un semblable Hybride, il pourrait le faire sourire aux lèvres.

Concrètement, Zayev est un hybride qui penche d’avantage du côté du loup que de l’humain. Il en a d’ailleurs la gueule, les pattes, la queue, les oreilles et la fourrure. Cette dernière, d’un ébène mat, lui permet de se fondre avec une facilité déconcertante dans les ombres. Une chevelure tombante  toute aussi sombre que son pelage lui donne une allure plus civilisé. Deux iris bleus rajoutent un peu de couleur à cette silhouette toute de noir vêtue. Son visage, semblable à celui du canidé lui autorise néanmoins plus d’expressions, comme un sourire carnassier dont la blancheur des crocs rivaliserait avec une peau d’elfe. Ses mains et pattes antérieurs sont un subtil mélange entre ceux d’un être humanoïde et de l’animal. Au bout, des griffes tranchantes servent d’ongle et d’arme. Bipède, il garde un déplacement digitigrade dont les coussinets attenus grandement le son, le rendant alors des plus silencieux. Zayev n’est pas vraiment grand, et beaucoup d’hommes dépassent son mètre soixante-dix. Il compense ce complexe de taille par une force qu’on ne soupçonnerait pas à la vue de sa carrure svelte. Sous ses vêtements, il cache un corps noueux parsemé d’une poignée de cicatrices offertes par son maître. De ses habits, il affectionne tout particulièrement ses bottes, si on pourrait les appeler ainsi. Trouées à l’extrémité, elles lui permettent de marcher pattes nues, chose dont il est habitué depuis sa naissance. Le reste de sa garde-robe est plus humaine, mais il préfère porter une simple armure de cuir sans manche par-dessous une longue veste en tissu grossier.

A première vue, Zayev intrigue ceux qu’il croise. Voir un Hybride aussi bestial se pavaner librement a de quoi étonner. Quant à la suite des évènements, il y a deux écoles : certains pourront l’éviter, probablement à cause de ses griffes, crocs et de son allure sombre. D’autres en revanche, (généralement les hommes plus grand que lui) ne verront en lui qu’un petit gamin frêle et renfermé et ne prêteront pas attention à lui. Dans les deux cas, l’hybride ignorera votre comportement. Il ne prête plus attention au dégout ou à l’indifférence qu’il suscite. Pourtant, il n’est pas contre un brin de causette et arrive à s’entendre avec la plupart des gens, chose notable pour quelqu’un dont la profession est de se débarrasser d’autrui. Zayev est tolérant envers les autres races, mais se sent plus à l’aise en face d’autres hybrides.

« Ce qu'il faut savoir sur moi »
Les petits détails font toute la différence
Possédez-vous un familier ou une monture ? Les hybrides esclaves n’ont pas souvent la chance d’en posséder, et malheureusement Zayev est de ceux-là. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas son genre.

Quelle est votre situation actuelle ? Il est à la recherche de la Pie Ecarlate pour y devenir assassin. Dans un registre plus personnel, il est également capable de venir en aide à un Hybride dans le besoin.

Quelle est votre position par rapport à la religion ? Très à cheval sur les croyances de son peuple, il est dévoué aux Grands Esprits. A un point où il veille personnellement à s’assurer que ses cibles n’en soit pas. Pour cela, il n’hésite pas à regarder sa proie dans les yeux et à y chercher l’éclair de lucidité, avant d’abattre sa sentence.

Que pensez-vous de l'exploration des Contrées Sauvages ? Ce n’est pas dans ses projets, mais s’il en a la possibilité, il n’est pas contre voir un peu de paysage.

Quel est votre rapport vis-à-vis des dragons ? Pour avoir été traité comme l’objet d’un autre, Zayev répugne l’idée de domestiquer des dragons (ou tout autre animal) pour faire des tâches que des humains pourraient réaliser eux-mêmes.