Avenir Assuré [Ft Zayev & Do]

**Moriline**

▬ Allons-y.

Je sautais sur le quai embrumé de lambeaux pâles et vaporeux. Cachée sous ma cape grise, j'avais également rangé oreilles et queue par simple prudence. L'aurore était encore loin, elle ne se lèverait pas avant quelques heures. J'avais dormi peu mais bien, bercée par le léger roulis du bateau. Dormir sur un navire, je n'avais jamais fait. Je redoutais un peu la haute mer, profonde et dangereuse, mais bizarrement je devinais en Do un capitaine doué. J'étais certaine que, quel que soit son cap, il nous y mènerait entiers. J'avais d'ailleurs les vêtements de marin, chemise rouge sombre, pantalon noir et ample. Mes cheveux étaient attachés en une queue de cheval rapide, qui balançait au rythme de mes pas. Mes bottes hautes nouées jusqu'aux genoux claquaient sur le sol. Personne aux alentours. Je pénétrais dans la ville, le coeur battant à tout rompre. Que m'avait-il dit, déjà ?

Chante.

Oui. Il m'avait conseillé, si je voulais le retrouver, de chanter. Ma voix était assez cristalline pour porter, mais n'allais-je pas réveiller les humains ? Je fronçais le nez, avant de monter sur les toits, silhouette entourée de brume blanche. J'émergeais du brouillard comme une ombre meurtrière, mais mes intentions n'étaient pas du tout machiavéliques. J'étais venue chercher Zayev, mon chevalier-loup, pour le ramener à Do. Je souris, en songeant au plaisir anticipé de l'avoir près de moi, de pouvoir lui parler encore, et surtout à l'idée de lui annoncer que j'avais trouvé un homme de la Pie. Je me sentais comme devant lui payer une dette ; ainsi elle serait épongée, non ?

Je me dépêchais, pour atteindre le point le plus haut des toits, puis m'adossais à une cheminée de pierres froides, et me mit à chanter.

▬ Oh, toi ami lupin,
retrouve donc ton chemin,
de toi je me languis,
ô toi sombre ami.

C'était tout bas, comme une formule magique, pour m'enhardir. Et alors, sans réelles paroles, juste une mélodie harmonieuse, je me mis à chanter. Cristalline et très douce, comme une caresse, ma voix résonnait, semblant sortir de partout à la fois dans cette brume épaisse. Mais je faisais confiance à Zayev pour me repérer. Je restais là, à chanter, sans compter le temps qui passait. Dans le ciel de velours noir et bleu, des étoiles brillaient encore, comme des pierres précieuses. La lumière était trop pâle pour que l'on y visse à deux mètres, mais ça me suffisait, à moi. Le ciel comme auditoire, les tuiles du toit comme théâtre, je continuais à chanter, jusqu'à ce que je perde mon souffle et ne le reprenne en silence. Je m'étonnais que les humains ne se soient pas encore levés. Dormaient-ils tous à poings fermés, ou appréciaient-ils juste ma musique, pour ne pas venir me remonter les bretelles ?

Un bruit. Mes oreilles bougèrent sous ma capuche et mon bandana, et je me redressais, sur le qui-vive. La brume et le peu de lumière ne me permettaient pas de distinguer si il s'agissait de Zayev ou non, alors, dans un bruit étouffé, comme un pas sur de la moquette, je redescendis dans la rue, camouflée par les ombres et ma cape, derrière la personne qui venait de surgir. Amie ou ennemie ?

**Zayev**

Éviter la garde, se nourrir, glaner des informations par-ci par-là, fuir la garde à ses trousses. La journée d'un hybride en cavale n'était que rarement de tout repos. Et aujourd'hui ne transgressait pas à la règle. Je m'étais mis une nouvelle partie de la ville à dos après qu'un garde un peu trop curieux ne me demande ou était mon maître. J'avais des tours de passe-passe pour ce genre de question, bien évidemment, mais le milicien eut tôt fait de décrédibiliser mon excuse en hurlant à mon soit-disant maître de rappliquer illico... Je n'eus d'autres choix que de prendre possession de son corps pour l'emmener dans une ruelle et l’assommer, histoire de gagner du temps. Bref, les quartiers d'Aratos qui ne me connaissaient pas encore pouvaient se compter sur les doigts d'une main sans pouce. Je devais bientôt envisager de changer d'endroit, puisque rien ici ne me retenait. Rien, sauf Moriline. Mais devais-je rester ici sans me faire repérer et attendre hypothétiquement un appel de sa part, ou m'aurait-elle autorisé à fuir ce lieu qui me repoussait un peu plus chaque jour ? Cette question me trottais dans la tête depuis le début de la soirée, et je ne voulais pas y répondre. Pas dans l'immédiat en tout cas.

Première veillé à attendre qu'elle me fasse un signe. La nuit se voulait aussi calme qu'hier, mais bien plus brumeuse et sombre. Parfait pour tendre l'oreille sans se faire voir. Je m'assis sur un banc et attendit, scrutant d'un regard vide une parcelle de rue non éclairée. Et de ces mêmes ténèbres perça une douce mélopée, une demi-heure environ après mon arrivée. Je reconnu sa voix, étouffée par la distance et les obstacles, et me précipitai de suite pour en retrouver l'origine. Plus sa voix devenait claire, plus je devinais où elle voulait m’attirer. L'auberge. Je m’arrêta au coin du bâtiment, certain grâce à mon ouïe et mon odorat qu'elle émettait du toit. Je m’engouffra dans l'impasse longeant le lieu du rendez-vous et frappait de la patte dans un morceau de bois pour la prévenir de ma présence. Cela ne manqua pas puisqu'elle s'arrêta net de chanter et qu'un bruit sourd sonna derrière moi. Toujours dos à celle qui m'avait demandé, j'allais pouvoir m'entretenir avec elle sur la dangerosité que je reste ici trop longtemps, mais j'allais avant tout pouvoir la revoir, et cela me suffisait.

▬ Lorsqu'on parle du loup..., dis-je en me retournant.

Les habits de matelots qu'elle arborait me surprirent. C'était de là que venait l'odeur salée et piquante de l'iode. Qu'avait-elle pu trouver près des quais ?

**Moriline**

Z

▬ Zayev, je peux te mener à un homme de la Pie. Suis-moi, s'il te plaît.

I

Ma

▬ Le capitaine de ce navire travaille pour la Pie. Il a accepté, sur ma demande, de te rencontrer. Je pense que c'est ta chance d'entrer en contact avec cet organisme, Zayev.

N

▬ Bonjour, Do. Voici Zayev, l'hybride dont je vous ai parlé. Zayev, voici le capitaine Do, homme de main de la Pie.

P

Spoiler:

Do

Buaaaah.

Ce son sorti de la bouche du pirate signifiait qu'il avait plutôt bien dormi cette nuit-là, ce qui ne lui arrivait plus beaucoup en ses temps où de nombreuses affaires le préoccupait. Il se leva, alla dans la cabine de la jeune hybride et vit qu'elle n'était plus là. Il se souvint alors qu'elle lui avait dit vouloir chercher l'hybride, qui voulait rentrer chez la Pie Ecarlate, au petit matin. Il descendit donc sur le pont afin de profiter de l'air marin, mais aussi d'un petit bain. Il enleva ses vêtements puis plongea dans l'eau froide, une méthode plutôt efficace pour se réveiller. C'était son moyen pour être tout le temps disponible et en forme le matin, sinon il restait à moitié endormi pendant toute la matinée, ce qui pouvait être assez fatal pour un pirate recherché par toute la garde d'Eldoria. Il remonta sur le bateau, se sécha rapidement avec une serviette puis se dirigea vers sa cabine, pendant que ses hommes se réveillait eux-aussi.

Il allait se mettre au travail lorsqu'un bruit retentit sur le bois de la porte. Trois coups, puis elle s'ouvre, laissant apparaître le visage de Mori. Elle fit entrer l'hybride puis fit les présentations. Do jeta rapidement un coup d'oeil sur l'hybride. C'était un loup avec la carrure d'un homme. Tout simplement. Cependant, il vit rapidement une lueur dans ses yeux, cette lueur commune à un grand nombre d'hybride que Do côtoyait ou avait connu. Un des nombreux mystères de cette race. D'ailleurs, c'était pour ses mystères que Do appréciait vraiment ces personnes. L'humain était si prévisible, que ce soit dans ses sentiments ou dans ses gestes. Il existait de rares exceptions, tel qu'Aslan, mais personne ne pouvait rien y faire. L'humain était comme ça, alors que les hybrides étaient si mystérieux. C'était peut-être pour cela que les premiers ne pouvaient pas blairer les deuxièmes. Enfin bref, après ce petit coup d'oeil, Do se retourna puis se dirigea vers sa bibliothèque personnel. Il parcourut les différents bouquins présents dans la rangée du milieu dont "Manuel du bon navigateur par Christophe Beaucolomb", "Top 100 des plus belles femmes d'Eldoria" et "Meilleures bouteilles de Rhum des dix dernières années". Il pencha ce dernier livre pour déclencher un mécanisme laissant découvrir une autre armoire cachée derrière. Plusieurs bouteilles étaient disposées en cercle, avec au milieu un petit coffre. Il prit une des bouteilles, remit l'armoire cachée à sa place puis revint vers ces deux compagnons tout en posant la bouteille sur son bureau.

Une de mes meilleurs bouteilles. Bon, passons aux choses sérieuses. Il paraît que tu voudrais rejoindre la Pie Ecarlate. Il paraît aussi que tu aurais aidé Mori, et qui plus est, tu serais son ami. Comme on dit, les amis de mes amis sont mes amis. Sauf que j'ai besoin d'en savoir plus sur toi avant de t'engager dans l'organisation. Je les compte plus les hybrides qui ont essayé de rentrer chez la Pie pour vouloir exterminer de l'humain à tout va. Et ceux-là, Aslan les digère pas. Si tu vois ce que je veux dire..

Il observa le regard de l'hybride, puis rit.

Ha ha ha, mais non, il les mange pas. Il les tue, tout simplement. Donc si tu veux changer la face de ce pays de merde, il faut que tu m'en dises un peu sur toi. Enfin, ce que je veux surtout savoir, c'est pourquoi tu veux rentrer dans la Pie Ecarlate, et jusqu'où est-tu prêt pour bouger les choses.

Do continuait d'observer l'homme-loup, attendant une réponse positive de sa part.

**Zayev**

Je précédais Moriline, silencieux et pensif. Il n'y a même pas deux jours, c'était elle qui me suivait sans vraiment savoir ou je l'emmenais. Les seules indications que j'avais était son nouvel accoutrement, une odeur typique des quais de la ville, et le sentiment qu'on se rapprochait de ces derniers. Tournant dans une énième allée, j'aperçus au travers de la brume, des proues de navires amarrées. Je félicitais mon flair et mon sens de déduction alors que nous abordions pacifiquement l'un d'eux. Je n'avais pas repéré le nom du bâtiment naval, mais la présence de pièces d'artilleries de flanc et de marques de sabre sur le pont et le bastingage me renseignèrent sur la nature probable de l'équipage. Des corsaires, ou des pirates. La renarde s'arrêta face a une grande porte et frappa plusieurs fois avant d'entrer.

A l'intérieur, un grand homme fixa son regard dans le mien au moment ou je franchi la porte. Un brun barbu d'une stature imposante portant de somptueux vêtements. Corsaire ? Pirate ? Je n'arrivais pas à faire un choix, jusqu'à ce qu'il se lève et dévoile une taverne miniature cachée derrière une grande bibliothèque. Pirate, à n'en point douter. Ou un corsaire alcoolique, même si la première solution me paraissait plus pertinente. Moriline ayant fait les présentations, celui qu'elle nommait Do passa rapidement aux questions importantes. Étais-je prêt ? Tu parles ! Mes motivations étaient-elles justifiées ? Et comment !
Il voulait des réponse, cela ne tenait qu'à moi de les lui donner.

▬ Durant de longs mois d'errances, j'ai entendu nombre de rumeurs à propos de cette organisation. L'on dit de la Pie qu'elle serait capable de faire ployer les plus grands de ce monde. Qu'elle a des yeux et des oreilles même dans les plus hautes sphères. Que nul ne peut s'en échapper car elle est à la fois partout, et pourtant nulle part. Je me fiche complètement que ces racontars soit fondés ou non. Si la Pie Écarlate m'intéresse autant, c'est qu'elle se distingue des autres guildes par deux caractéristique vitales. Elle traite ses membres indépendamment de leur race, et elle inspire la crainte.

Je notai une pause pour appuyer mes arguments. L'important, ce n'était pas le sujet des rumeurs, mais de savoir qui les colportaient. Les membres de la Pie n'ont pas besoin de s'en charger, puisque de la plus petite chaumière perdue aux plus grands domaines privés, on redoute ce nom.

▬ C'est du sentiment de crainte que nait celui d'instabilité, puis le besoin de changement. Si je souhaite intégrer la Pie, c'est parce que je veux changer ce monde et qu'elle en est plus que capable. Au même titre que toi, Do, je veux offrir la liberté à ceux que je chéris. Que ce soit une amie, un équipage, ou une race entière.

▬ Te dire que je serais docile envers chaque humain que je rencontrerais serait sans aucun doute le plus gros mensonge que j'aurais prononcé. A l'instar de mon côté animal, je suis né prédateur. Les esprits m'ont donnés de quoi ôter la vie de mon prochain avec une facilité déconcertante, et cela me réussi plutôt bien. Pour autant, je n'ai pas vocation à tuer chaque humain que je croise. Et j'en tiens pour preuve le fait que tu sois encore en vie après m'avoir tourné le dos.

Si tes hommes et toi me respectez, vous n'aurez rien à craindre de moi.

Je m'en voulais un peu d'avoir été aussi cru, mais comme ça, je ne prenais personne en traître. Je posai mon regard sur le capitaine, puis sur Moriline. Avait-elle changé d’apriori sur moi après m'avoir entendu ?

**Moriline**

Je m'étais immobilisée près de la porte, mi-figue mi-raisin. Je savais que ce qui allait se dérouler sous mes yeux était important, et j'étais à la fois un peu excitée et aussi un peu effrayée. Je regardais avec curiosité Do déclencher une espèce de passage secret, et le vis sortir une bouteille d'alcool. Je cachais un sourire par devers moi ; je ne savais si Zayev buvait, mais en fin de compte, j'imaginais mal le capitaine sans un verre de rhum à la main. Peut-être à cause du stéréotype ? Me faisant toute petite, je les laissais donc discuter, non sans avoir ouvert mes oreilles toutes grandes, sortant du bandana noué autour de mes cheveux. Quand Do fit référence à Aslan, et qu'il laissa sous-entendre ce qui arrivait à ceux qui désertaient ou trahissaient, j'eus un frisson. La suite fut comme une montagne russe, à peine m'étais-je dit " ouf " que je sentais un frisson me parcourir, plus violent que le précédent.

Voilà pourquoi je ne voulais pas être de la Pie. Trop violente. Trop tranchée. Je ne tenais pas à me retrouver tuée, moi ! Je voulais aider les autres, oui, mais pas au point de tuer ou de blesser. Peut-être qu'au fond je n'avais pas assez de courage pour ça, et que j'étais une lâche, mais peu importait. Ce n'était pas moi qui était l'objet de l'entretien. Alors, quand Zayev se mit à parler, je l'écoutais également ; je me sentais presque de trop, comme une espionne - bon, une espionne pas très douée vu que j'étais plantée en plein milieu de la pièce, mais tout de même. Oui, la Pie inspirait la crainte. Et chez moi d'autant plus que Do venait de dire que ceux qui trahissaient étaient tués. Loin de moi l'idée de la rejoindre pour la trahir, mais il n'existait pas de circonstances atténuantes ? On se retrouvait, hop, la tête dans les mains, tranchée ? Est-ce que c'était douloureux ? J'eus un élan de compassion involontaire envers les pauvres bougres. Quand Zayev parla d'une amie, je ne sus si je devais être visée. Je choisis que oui. Je baissais les yeux, en réfléchissant. Moi aussi, dans le fond, je voulais offrir la liberté à ceux que j'aimais, à ceux qui la méritaient.

La suite des paroles du chevalier loup me firent écarquiller les yeux ; heureusement qu'ils étaient fixés sur le sol, tiens ! Un prédateur ... Il avait raison, somme toute, mais l'entendre parler comme ça me faisait froid dans le dos. Comment pouvait-on tuer sans même une once de regret ? Et pourtant, malgré ces aveux, je ne réussissais pas à l'imaginer autrement qu'en chevalier digne et fier. Je ne pensais pas qu'il puisse tuer par envie, et j'espérais de tout coeur qu'il ne le faisait que quand il était obligé. Après tous, les trois hommes de la dernière fois, il ne les avait pas tué.

Silencieuse, je me contentais donc d'écouter ce qui allait se passer. Je croyais profondément en Zayev, malgré ma compréhension et ma connaissance de lui aussi infime soit-elle. Je croyais en lui, car il m'avait sauvé, et je savais qu'il était quelqu'un de bon. Relevant mes prunelles vertes, je scrutais le visage de Do, cherchant à savoir si il serait convaincu ou non par les propos du chevalier-loup.

Do

Do avait écouté avec attention l'hybride tout au long de son discours. Comme la plupart des membres actuels de la guilde, Do faisant exception à la règle, ce loup avait entendu des rumeurs à propos de la Pie. Lui aussi voulait la liberté et changer le monde, ce que recherchait à peu près tout les membres aussi. Une présentation qui collait donc plutôt bien à l'esprit de la Pie. La suite des paroles ne l'étonna que peu, puisque l'homme-loup se décrivait comme une bête féroce qui avait un instinct de chasseur, mais qui savait se contrôler. De toute façon, ce n'était pas vraiment à lui de juger, mais à un autre homme. D'ailleurs, il arrivait. Quelques dizaines de seconde après que l'autre ait fini son monologue, un bruit de pas, léger, à peine imperceptible, flotta jusqu'aux oreilles du pirate.

Intéressant. Tu sais, je me suis un peu informé sur toi. Ta petite aventure avec Tolrek, ton entraînement avec ton maître.. Un hybride aussi hargneux et robuste, ça ne passe pas inaperçu. La Pie est partout. Demander des informations sur toi auprès des "récolteurs" de l'organisation était un jeu d'enfant. Bref, pour moi, tu as la tête de l'emploi comme on dit. Mais c'est pas moi qui décide, c'est lui.

Do pointa la porte qui, après quelques secondes, n'avait toujours pas réagit. Do resta quelques secondes le bras levé. Et merde, son effet de surprise avait raté. Aller, vite, dépêche-toi.. Ah, il est tout proche. Mori allait interpeller Do sur ses actions, quand finalement la porte s'ouvrit. Aslan entra dans la pièce, scrutant alors tout les personnages de la scène.

Bah enfin, mon effet de surprise est tombé à l'eau à cause de toi. Bref, je t'ai servi un petit verre de mon meilleur rhum. Un futur éventuel candidat à la Pie Ecarlate et qui, en plus, possède un grand potentiel, c'est pas tout les jours qu'on en trouve. Bref, je te laisse faire connaissance avec la bête. Je parle du loup hein, pas du renard, ha ha.

Un petit clin d'oeil à Mori puis son regard fixa Aslan, attendant une réponse de sa part, ne sachant pas ce qu'il allait répondre. En effet, malgré son ancienneté chez la Pie, Aslan restait quelqu'un de plutôt secret. Bien sûr, il connaissait des choses sur ce personnage, plus que la plupart des autres membres, mais une part de lui-même restait secrète, ce que Do pouvait comprendre. Tout le monde a besoin d'avoir des secrets, sinon l'effet de surprise n'existe plus.

**Le Marionnettiste**

Son entrée marqua un silence dubitatif, bien vite interrompu par Do et son humour douteux –un humour de pirate, sans doute. Aslan scruta ses interlocuteurs sans autre forme de cérémonie. Un loup et une renarde. Un sourire ironique apparu sur son visage, voilé par son masque. Le capitaine s’était-il reconverti dans le marchandage d’esclaves ? Il écouta d’une oreille distraite le pirate, tout en continuant d’examiner les hybrides. L’une paraissait chétive et clairement mal à l’aise, tandis que le second, au contraire, avait le regard fixé droit sur lui. Leurs attitudes en disaient bien plus sur eux qu’ils ne le pensaient.

Le regard amusé, le maître corbeau vint se camper devant la renarde, anticipant une courbette parfaite.

- Je vois que même Do peut faire preuve de raffinement dans le choix de ses compagnes, pour une fois…

Puis, d’un pas nonchalant, l’homme traversa la pièce avant de se saisir de la coupe lui étant destinée, s’adossant au bureau du pirate. D’un ton monocorde, il s’adressa silencieusement à Do, de façon à ce que même l’ouïe perçante des hybrides ne puisse l’entendre.

- Es-tu bien sûr de toi, en impliquant cette personne que tu sembles, visiblement, vouloir protéger ? La Pie pervertie quiconque la côtoie, tu es bien placé pour le savoir. Et maintenant, elle connait mon visage.

Illustrant ses mots, il retira son masque et portant la coupe à ses lèvres, laissant le pirate cogiter. Son regard se porta ensuite sur le grand loup, qu’il dévisagea ouvertement. Grand, fort, d’aspect féroce. Un véritable prédateur, en effet.

- Es-tu prêt à suivre les ordres, es-tu prêt à mourir pour la Pie ?

La question avait fusée, sèche, sans avertissement, presque tranchante. Le regard d’Aslan avait retrouvé sa froideur perçante habituelle. Oui, le maître de la Pie avait entendu parler de cet hybride. Après tout, il avait des yeux et des oreilles partout. Sa réputation, bien que cohérente à celle de la guilde, rendait le corbeau méfiant –plus que d’habitude. C’était un loup solitaire, faisant cavalier seul. Rien ne l’assurait qu’il ne se retournerait pas contre lui une fois son objectif atteint, ou pire, qu’il ne mette en péril l’une de ses missions par l’arrogance de ceux qui ont toujours tout fait seuls. La Pie était avant tout un organisme coordonné, dont chaque membre était un rouage faisant fonctionner une monstrueuse machine de destruction, le tout orchestré par Aslan. Il ne pouvait courir le risque qu’un être aussi dangereux se joint à eux pour en dévorer ces précieux rouages.

Ses doigts pianotaient régulièrement sur le bureau du capitaine, ses yeux se plissèrent imperceptiblement. Il n’y avait que deux réponses à cette question. Son adhésion à la Pie ou sa mort immédiate.

**Zayev**

Je perdis un instant mon masque d'impassibilité lorsqu'il prononça son nom. Tolrek ? Parlait-il bien de cette malencontreuse rencontre dans la taverne du Maraudeur ? Apparemment, oui, puisqu'il avait aussi connaissance de mon entrainement. Diantre. La Pie était d'une efficacité démoniaque et j'en avais la preuve. C'est au moment ou des bruits de pas atteignirent nos oreilles respectives que Do désigna la porte du doigt. L'attente qui suivit le manque de synchronisation du pirate en fut presque gênant. Finalement, la porte s'ouvrit, laissant passer un homme pour le moins singulier. Un masque, des plumes, une sorte de turban enroulé dans des cheveux immaculés. Son style vestimentaire trahissait la présence de quelqu'un de très important. Était-ce un haut gradé, ou un simple recruteur affublée d'une tenue particulière ? Qui qu'il soit, Do semblait être plus réservé en sa présence, ce qui confirmait l'idée d'un supérieur hiérarchique. Il nous dévisageait, la renarde et moi, pendant de longues secondes. J'abhorrai ce genre de pratique, certainement parce qu'on me reliait trop souvent à l'image de l'animal sanguinaire et qu'on me traitait comme tel.

Après s'être exprimé ouvertement avec Moriline, puis en privé avec le capitaine, j'eus moi aussi droit à une audience.

- Es-tu prêt à suivre les ordres, es-tu prêt à mourir pour la Pie ?

On entrait enfin dans le vif du sujet. Je ne pu retenir un rictus dévoilant partiellement une dentition à faire pâlir un herbivore.

▬ Si tu savais depuis combien de temps j'attends que l'on me pose cette question, répondis-je en regardant l'homme mystérieux.
Do connait à présent mes motivations et pourra t'en parler. Tu le sais surement, mais j'ai vécu une enfance que je n'envierais à personne, pas même mon premier maître. En ce monde, bien qu'humains et hybrides partagent des traits communs, les premiers enchaînes les seconds. Saches que je suis prêt à payer de ma vie pour briser cette chaîne qui n'a lieu d'être. Si la Pie Écarlate compte elle aussi réduire ces inégalités par n'importe quel moyen, elle pourra compter une âme de plus dans ses rangs. Dans le cas ou la guilde ne pourrait rien pour les miens, je ne vois pas l'utilité de continuer cette discussion.

Ceci dit, je m’assis sur le rebord de la grande table près de moi, ou régnait une multitude de babioles, cartes et instruments marins. Je croisai les bras en observant les deux membres de la Pie en face de moi. Ils dégageaient autant l'un que l'autre une aura qui mettrai un garde mal à l'aise. Je ne savais pas si Moriline avait aussi ce sentiment en les côtoyant, mais étrangement, cela ne me gênait pas. Après tout, moi aussi j'avais pour habitude de rendre la milice nerveuse.
Ici, entre ces trois personnages que je venais à peine de rencontrer, je m'étonnais à me sentir serein. Une sensation trop rare que j’accueillais à bras ouverts ces derniers temps. Cependant, je n'avais pas encore reçu l'approbation de l'homme masqué, et j'avais encore une chose à éclaircir.

▬ Je n'ai pas eus besoin de me présenter, puisque vous deux semblez très bien me connaître, mais j'aimerais savoir au moins à qui je m'adresse...

**Moriline**

Comment expliquer ce que je ressentais ? Je comprenais Zayev. Son besoin d'être libre, d'être maître de lui, comme tout être humain. Et je savais que Do était la bonne personne ; qu'on avait toqué à la bonne porte. Il avait fait plus pour moi que n'importe qui - sauf peut-être Zayev lui-même. J'étais avec les deux personnes qui comptaient le plus pour moi, bien qu'étrangement je ne les connaisse que depuis peu. Un bruit léger me fit frémir les oreilles, tandis que j'écoutais ce que disais Do. L'échange qui se produisait sous mes yeux était sûrement précieux, et je voulais conserver ce moment où Zayev aurait la possibilité d'entrer chez la Pie. Car je n'avais aucun doute, il serait accepté.

Soudain, on pénétra dans la cabine. Je fis volte-face rapidement, bien que j'eus compris que cette personne était attendue. Je jetais un coup d'oeil à Do, qui apparemment savait ce qu'il faisait. Sa répartie et son clin d'oeil achevèrent de me faire rougir et de me perdre dans une certaine confusion. Qui était cet Aslan, pour avoir autant de pouvoir ? Car il était facile de deviner qu'à lui était échu le pouvoir de décider du futur de Zayev. Et du mien, songeais-je avec facilité. Je croisais mes mains devant moi, un peu méfiante, un brin angoissée. Quand l'inconnu s'approcha de moi, j'eus un frisson, mais avant d'avoir pu le saluer poliment, ses propos firent mouche. Une compagne ? Je me redressais après l'avoir salué d'une révérence gracieuse, et secouais le visage, les joues roses. Ce n'était pas ce qu'il croyais. Je ne réussis qu'à bégayer, à bafouiller.

▬ Je ... Non, ce n'est pas ... Je ...

Et finalement je me tus. Mieux valait ne rien dire que de m'enfoncer dans des excuses pitoyables. Je m'inquiétais cependant : était-ce aussi visible que la présence du pirate me troublait ? Je me recomposais un visage neutre, en essayant de ne plus rougir, et baissais les yeux.

L'inconnu alla parler à Do et j'en profitais pour jeter un coup d'oeil à Zayev. Que pensait-il de tout cela ? Je ne voulais pas le jeter dans un piège ou une idiotie du genre ; avions-nous en face de nous un homme de pouvoir de la Pie ? Il fallait le croire. L'homme retira finalement son masque, et je me sentis un peu plus à l'aise ; il but d'un air nonchalant. Il émanait de lui une espèce de grâce et de charisme calme, comme si il n'avait pas conscience de sa force. J'en étais moi-même victime, me sentant comme rassurée, un peu intimidée aussi.

Enfin, la question fût posée. J'inspirais doucement, et retins ma respiration, le coeur tambourinant, mes narines frémissantes. Mais je ne doutais pas du bien fondé des espérances de mon chevalier-loup, et ses paroles furent sûrement à même de rassurer l'inconnu. J'étais toujours debout, tandis que Zayev s'était installé sur le coin d'une table, et je me fis l'effet d'une grande perche coincée. Imitant donc mon compatriote hybride et espérant ne pas outrepasser la politesse, j'allais m'installer sur un siège également, tout en gardant une certaine distance avec la scène. J'étais, ici, spectatrice, et j'étais heureuse de n'être que cela. Si j'avais dû être victime de questions et de doutes, j'aurais sûrement paniqué.

Je gardais donc les yeux sur les trois hommes plus loin. Il émanait d'eux quelque chose de fort, qui touchait jusqu'à la trame de mon être. Je devinais qu'ils ne tarderaient pas à faire de grandes choses, si ce n'était pas déjà fait. Cette force tranquille m'attirait, et je sus plus clairement que jamais qu'un jour moi aussi je rentrerais dans la Pie, pour les aider. Mais pas encore. Pas alors que je n'avais ni pouvoir ni habileté. Mon regard continua de les observer, curieusement. Zayev allait-il finalement être accepté ? Je l'espérais de tout coeur.

Do

Aslan était rentré dans la cabine, accompagné de son masque qui cachait son visage. Simple formalité pour ne pas avoir sa tronche affichée partout dans Eldoria, ce qui rendrait plus compliqué sa vie de hors-la-loi le plus recherché du pays. Il s'avança vers Mori et lui fit une petite remarque d'une voix élégante, la prenant pour la compagne du pirate. Do rit dans sa barbe, sachant que cela ne servait à rien de se justifier sur leur relation qui n'était pas comme il le pensait. Si il était venu ici, ce n'était pas pour la vie, sûrement passionnante, du sexe de Do et de celles qui l'accueillaient, mais pour la future potentiel recrue de l'organisation. Il s'avança vers le pirate et lui demanda, très bas, si il savait ce qu'il faisait en amenant Mori à côtoyer l'univers de la Pie. Tout finissant sa phrase, il enleva son masque, révélant sa peau brunie par le soleil et ses yeux perçants.

Il but un peu du rhum du pirate, laissant ce dernier à la réflexion. Il observa Aslan, plutôt heureux que ce dernier ait prit la peine de goûter un de ses meilleurs crus, puis lui répondit sur le même ton qu'il faisait assez confiance en l'hybride et en sa force intérieur pour la laisser approcher le monde du banditisme et des hors-la-loi. En effet, malgré le peu de temps passé ensemble, il savait que Mori était assez forte pour pouvoir endurer ce mode de vie, que ce soit tant au niveau physique que moral, même si elle avait encore beaucoup à apprendre. Aslan reposa le verre puis observa longuement le loup, pour finalement lui poser la question fatidique:

Es-tu prêt à suivre les ordres, es-tu prêt à mourir pour la Pie ?

Il l'attendait cette question. Pour la réponse de l'hybride, mais aussi pour la réaction d'Aslan. En effet, Do adorait essayer de traduire les émotions de l'homme dans ses yeux à chaque fois qu'il attendait une réponse à une question importante. Ici, ses yeux ne manifestaient aucun sentiment, juste du froid. Do avait l'habitude, il tourna donc la tête vers l'hybride pour connaître sa réponse. Ce dernier avait directement tutoyé le chef de l'organisation. Bah, lui-même avait aussi tutoyé Aslan lors de leur première rencontre, et l'avait même insulté, donc ce n'était pas vraiment important. Do écoutait le discours qui se résumait à "Je suis prêt à donner ma vie pour l'organisation et la liberté" tout en observant les yeux d'Aslan qui se réchauffaient au fur et à mesure, comme un glaçon qui fondait devant une cheminée. C'était une image hein, ses yeux ne fondait pas vraiment, mais sa froideur disparaissait au fur et à mesure du discours de l'homme-loup. Il attendait donc la réponse du chef, ne sachant pas si elle allait être positif ou non. Certes il lisait dans ses yeux, mais il n'était pas devin, il ne pouvait connaître les sentiments de ce personnage inhabituel.

**Le Marionnettiste**

Aslan écouta son interlocuteur tout du long, sans intervenir, l’air absent. Lorsqu’il eut fini, le maître de la Pie resta un instant songeur. Le grand loup ce trouvait être l’âme d’un rebelle rêvant de justice, ou tout du moins, d’égalité pour ses pairs. Il ne le comprenait que trop bien, même si la justice était pour lui une excuse de simplicité éhontée. Le Corbeau prit finalement la parole lorsque Zayev lui demanda son identité.

- Je suis Aslan Sha’ren, actuel dirigeant de la Pie. J’aimerai que tu saches, avant toute chose, que la crainte que nous inspirons n’est pas feinte. Nous tuons des gens, nous pillons des villages, nous sommes capables, sans aucun doute, de renverser un pays. Cependant, ne te méprend pas. Nous ne faisons pas cela pour un but utopiste comme la libération des hybrides. La Pie est sa seule maîtrise, aucune chaîne ne nous entrave. Ce sont aux hybrides de réagir pour se libérer des leurs, aucunement je ne m’engagerai dans un combat visant à offrir la liberté à des êtres se complaisant dans leur situation de sous-hommes.

Son ton était devenu étonnamment glacial, presque grondant, mais ses yeux, étrangement, étaient animés d’une lueur amusée.

- Ceci dit, j’apprécie ceux qui sont capables de se défaire de cette situation par leurs propres moyens, et je suis prêt à leur accorder la protection de la Pie, en contrepartie d’un investissement à notre égard. Ce que les membres de la Pie font, leurs petites ambitions, ne me regardent pas, ni moi, ni la Pie. Si ces conditions te conviennent, tu es le bienvenu.

Tu es libre de faire ce que tu entends, mais n’implique pas la Pie dans une guerre qui ne la concerne pas, nous avons notre propre ambition. Voilà le message qui se traduisait derrière ses mots. Aslan prit une gorgée du rhum offert par Do.

- Tu as du entendre parler du marché noir de Zahel ? La Pie le dirige. Rends toi là-bas, trouve une personne à même de te guider et nous t’attribuerons tes nouvelles fonctions –si tu le souhaites.

Le Maître Corbeau posa son verre, se redressant finalement, se tournant vers Do.

- J’ai une histoire à régler ici, je te laisse te charger de la suite.

Il se retourna finalement, remontant son masque, observant une dernière fois les deux hybrides de son regard perçant. Il sembla sur le point d’ajouter quelque chose, mais se contint, traversant finalement la pièce de son pas souple et silencieux. Ouvrant la porte, il s’arrêtant sur son seuil, tournant son regard vers l’hybride loup.

- « Change l'ordre du monde plutôt que tes désirs. » Il s’agit de notre devise. Ne l’oublie pas.

La porte claqua. La pièce semblait étrangement vide, après le départ de cet étrange personnage. Plus rassurante aussi, sans doute…

**Zayev**

L'homme masqué n'était autre que le chef de l'organisation en personne. Le fameux Aslan, maître de la Pie Écarlate, ici, dans le bureau du capitaine d'un bateau accosté au port d'Aratos. Moi qui pensais ne jamais pouvoir le croiser, voila qu'il venait lui même de me faire membre de la guilde. Je n'aurais pu rêvé meilleure intégration.

Enfin, un ton un peu plus chaleureux n'aurait pas été de refus. Mais je me rappelais rapidement que je ne parlais pas de n'importe quoi à n'importe qui. Je m'estimais chanceux d'avoir pu m'entretenir avec lui. Son discours avait pour vocation de briser les illusions que je m'attendais à voir réaliser. Pas d'actes surdimensionnés pour venir en aide aux miens, ou pour toute autre cause. La guilde devait rester dans l'ombre pour rester efficace, et son chef venait de me le prouver. De plus, l'argument des hybrides qui acceptaient leur statue d'esclave était malheureusement vrai. J'en avais croisé, des âmes prisonnières qui préféraient la sécurité à la liberté, et les forcer à se rebeller n'avait rien de positif. Cependant, le terme qu'il employa pour les qualifier, 'sous-homme', me fit tiquer. Je repris rapidement un visage stoïque et continua à l'écouter en écartant ce petit accro.

La suite m'était tout particulièrement destiné, puisqu'Aslan venait de me donner son accord personnel pour que j’intègre la Pie. Je tentai de cacher le rictus qui se frayait un chemin sur ma joue en tournant légèrement la tête, prétextant de me craquer le cou. Son message était clair. J'étais libre de tous mouvements, mais dorénavant, je représentais une guilde par mes actes. Voila qui allait être intéressant.

Dès lors, la suite de mon voyage était clairement écrite. Le marché noir de Zahel. Je n'avait jamais mis les pattes dans celle ville, mais les ragots colportés à son sujet suffisaient pour me laisser un gout âcre dans la gueule. Lorsque le chef de la Pie se retourna vers Do, j'eus une pensé que le capitaine pirate puisse m'aider à arriver jusqu'à Zahel. Ou du moins m'en rapprocher. J'attendrais qu'Aslan parte pour en parler à l'intéressé. C'est d'ailleurs ce qu'il fit, mais arrivé à la porte, il se retourna une dernière fois vers moi pour me réciter le crédo de la guilde, avant de disparaître.

Change l'ordre du monde plutôt que tes désirs...

Cette phrase résonnait dans ma tête. Le vide qu'il avait laissé à son départ me permit de réordonner mes pensées. Dorénavant, je devrais vivre ainsi. Je me tournais vers l'humain en me levant de la table pour lui demander une faveur.

▬ Do, c'est ça ? répondis-je de manière rhétorique. Zahel, tu peux m'y emmener ?

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