Céowyn et Ramsess sortaient d'Eldoria, se connaissant... Fraîchement. La demoiselle montait le canasson dont elle avait fait l'acquisition la veille, avec, derrière elle, son hybride en selle. Ils allaient à petit trot, alors qu'elle se demandait bien où ils pourraient aller. S'éloigner de la capitale lui semblait déjà un but fort agréable, car les grandes foules la mettaient mal à l'aise ; elle n'était pas forcément agoraphobe, mais l'idée que le danger vienne de partout et de nulle part à la fois la rendait nerveuse. Et le manque d'air aussi.
Il était encore tôt, le soleil était bas sur l'horizon. Ils avaient passé la nuit dans une auberge médiocre d'Eldoria, histoire de faire plus ample connaissance et d'avoir une meilleure base sur leur relation. Il faut dire qu'ils ne partaient pas sur un pied d'égalité ; ce qui était somme toute tout à fait normal. S’enquérant à de nombreuses reprises de l'état du jeune hybride, peu habitué à monter à cheval, elle finit par se rendre compte qu'elle entendrait bien si quelque chose de mal se passait. Alors, haussant les épaules, elle talonna sa monture, qui accéléra légèrement. Fort heureusement, ni Céowyn ni Ramsess n'étaient des poids lourds, et le cheval supportait la charge. Le faisant avancer en suivant la piste, ils tombèrent très vite sur les caravanes marchandes qui faisaient souvent halte au bord des routes, près des capitales. Et cela donna une idée à la demoiselle... Se tournant vers Ramsess, elle sourit ; descendant tous deux de cheval, lui tenant la monture par la bride, ils déambulèrent à travers la caravane. Certains étals étaient encore bien fournis, et attiraient l'oeil de Céowyn. En plus, elle avait avec elle sinon un alibi, au moins quelqu'un de voyant qui lui permettait d'être quant à elle plus discrète. A quelques mètres avant son hybride, elle faisait mine de marchander, de papoter, de sympathiser... L'étal qui lui fit briller l'oeil était celui d'un bijoutier, notamment grâce à quelques pierres de bonnes tailles, iridescentes et brillantes. Le marchand, curieux, observait Ramsess qui se tenait non loin, et marchandait vaguement pour un collier de mauvaise facture, alors que la main de Céowyn se glissa subrepticement pour prendre l'une des pierres, la glissant dans sa sacoche. C'était amusant, la pierre était chaude et pulsait un peu... Bah, elle verrait ça plus tard. Achetant le collier, elle rejoint après un tour plus ou moins long Ramsess, et décida de s'en aller, quand une bande de mercenaires lui mirent le grappin dessus. D'abord grivois, ils notèrent vite l'épée. Sifflant, ils lui demandèrent si elle savait s'en servir, car ils avaient besoin de bras. Acquiesçant, elle fit quelques passes qui firent sourire les armoires à glace, qui l’amenèrent au recruteur. Après une méprise regrettable qui fit siffler la jeune femme, celle-ci signa une espèce de contrat, qui lui garantissait salaire, place et repas, ainsi que -pour les deux derniers- pour son hybride. Ses dons de guérisseur seraient sans doute appréciés, mais la demoiselle ne les mit pas trop en avant, prudente.

Et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent dans la caravane, à voyager vers Zahel. Céowyn -qui avait donné le nom de Frida, qu'elle trouvait seyant pour l'heure- faisait quelques allers-retours le long de la colonne de chariots, alors que Ramsess était resté à l'arrière, plus ou moins surveillé. Quand été venu le moment de la pause, elle avait rejoint son hybride, qui était pour l'heure accompagné d'une elfe, et d'un humain dont le regard n'était pas tout à fait concentré sur les yeux des femmes...

Eldoria, Eileen venait tout juste de rentrer et ce qu'elle avait trouvé sur son bureau l'avait on ne peut plus déprimé. Des tas de demande pour retrouver des objets diverses et variées, des demandes d'informations sur certaines personnes. Encore, pourquoi fallait-il toujours qu'elle tombe sur ce genre d'affaire. Était-elle si maudite que cela ? Était-elle si... Elle ne savait même pas quoi en dire. Elle se souvenait encore de sa dernière mission, celle avec la jeune femme, la jeune Hope qui l'avait appelé pour une mission assez particulière. Une mission menée à bien, bien sur. Elle était contente lorsque ce genre de mission tombait parce qu'enfin elle avait l'impression d'être réellement utile à quelqu'un. Hors, ce n'était pas toujours le cas pour toutes les missions. Les trois quart de ses demandes étaient des affaires banales et pouvait-on dire inintéressantes, tant et si bien que parfois elle se demandait si elle avait bien choisis son métier. Elle qui avait envie de rendre service avait pensé que ce genre de métier l'aiderait mais peut être aurait-elle dû rentrer dans l'armée et ainsi pouvoir chevaucher un dragon. Était-ce une bonne idée ?

Elle n'en savait trop rien, mais elle savait pertinemment que pour le coup elle ne voulait pas se mêler de ses affaires. En plus, il y avait quelqu'un de spécialisé dans ce genre d'affaire autant les envoyer vers lui. La détective prit donc les dossiers, sortit de chez elle et se dirigea vers le second détective, un ami à elle. Il ne traitait que les affaires minimes, les affaires un peu louche où pénible qui n'étaient pas trop du ressort de l'elfe qui elle en avait soupé de ce genre d'affaire. Alvin, était lui bien plus adapté à ce genre de situation, son pouvoir aussi par ailleurs, il ne cherchait d'ailleurs pas d'autre affaire et avait fait sa réputation sur celle-ci. La jeune fille savait parfaitement que ce genre de situation lui faisait plaisir.

« Salut Al, dit j'ai une dizaine de dossier pour toi qui relève de filatures, de recherche d'objets et tout un tas d'autre, je te pose ça où ? »

« Poche cha là, chui un peu occhupé. »

« Mais qu'est ce que tu fais. »

Elle vit le jeune homme se relever avec un marteau dans la bouche et visiblement il tentait de réparer quelque chose. Il enleva le marteau et prit la parole.

« J'ai un souci avec mon parquet. »

« Bah fait appel à un expert, parce que sinon tu vas tout exploser comme tu as l'habitude de faire. »

« Ouais je sais, je vais aller voir Lays tout à l'heure. Et au fait pour les dossiers pose ça là. »

Elle posa tranquillement les dossiers et le regarda, il y avait quelque chose qui le tracassait aussi resta t-elle là sans trop bouger. Et puis au bout d'un moment, elle se décida à lui demander.

« Dit moi, qui a t-il pour que tu sois si préoccupé. »

« Ah je me disais bien que tu allais relever le souci. En fait, j'ai entendu parler de mercenaires qui chercherait des gens motivés pour un voyage dans les contrées sauvages. Mais je trouve que c'est un peu trop dangereux pour toi. Enfin je sais pas trop. Ils sont aux alentours de la ville. »

« D'acc je vais allez voir. Merci et bon courage. »

Elle lui sourit et sortit directement. Elle savait parfaitement pourquoi il avait peur. Elle possédait deux pouvoir assez particulier qui lui permettaient non seulement d'être polyvalente mais elle savait aussi très bien se battre. Cependant comme elle était assez fine, on le prenait toujours pour une petite gamine n'étant pas capable de se défendre. Il fallait dire que son arme n'était pas du tout visible, on avait donc l'impression d'avoir devant nous une petite chose sans défense. Elle avait toujours tendance à jubiler quand on la prenait pour une elfe sans défense. Ceux qui avait fait cette erreur n'avait pas eu le plaisir de pouvoir faire partager leur savoir. L'elfe alla donc chercher sa fidèle monture, celle qu'elle avait acheté peu de temps auparavant et qu'elle avait nommé Arkaël. Une magnifique bête noir, Koonie sur son épaule était heureux lui aussi, comme s'il possédait l'empathie. Elle monta alors sur Arkaël et se décida à se lancer. Elle chercha pendant un certains temps les mercenaires jusqu'à les trouver et finalement signer un contrat pour les contrées sauvages.

Elle avait été assigné à un convoi composé de différentes personnes dont trois qui était visiblement tout comme elle des étrangers du convoi. La jeune fille avait été chargé de la protection du convoi, regarder les soucis et surtout vérifier si des ennemis n'allait pas se radiner alentour. Facile avec son empathie en vérité. Les mercenaires au départ avaient rigolés lorsqu'elle leur avait parler de son aptitude au combat. Pourtant ils avaient tout de même accepté. La détective avait vu un jeune hybride monté à l'arrière d'un des chariot, le dernier d'ailleurs. Une jeune femme qui était visiblement avec lui -peut être était-ce un esclave- était monté avec lui aussi. Un autre homme était avec eux derrière, protégeant l'arrière du convoi. Un homme dont les yeux semblait visiblement se balader sur la poitrine de la jeune femme qui les accompagnait. L'hybride venait d'ailleurs de lancer une petite pique à l'homme. Elle ne pouvait lui en vouloir, s'il était son esclave, il était normal qu'il tente de la défendre. Eileen se dit que par contre aucun d'eux ne s'était présenté et qu'appeler les gens humains, hybride ou autre serait réellement inconvenant. Elle décida donc de commencer la première.

« Au fait, je m'appelle Eileen, ravie de vous rencontrer. »

Un léger sourire. Elle qui n'était pas doué dans les relations venait de faire un grand pas en avant, elle avait au moins parlé pour un moment.

Céowyn tiqua dès les premiers mots de Ramsess prononcés. Ouvrant de grands yeux surpris, elle sentit une boule de peur se nouer dans son estomac alors qu'elle s'attendait au pire. Le gars là avait une carrure bien plus impressionante que la sienne, et la plupart des gens n'étaient pas du genre à laisser des paroles hybrides aussi osées impunies. Si elle-même risquait de s'en prendre une pour laisser son hybride parler librement, lui-même risquait bien plus. Elle décida de prendre les devants, et de lancer une giffle à Ramsess, mais fut coupée dans son élan par l'homme incriminé. Ce dernier éclata de rire, et prononça quelques mots qui rassurèrent la demoiselle... Temporairement du moins. Crispée et mal à l'aise, Céowyn sourit à celui qui disait s'appeler Do, et inclina la tête doucement. Jetant sa main à celui qui n'était plus tout à fait un inconnu, elle répondit :


- Adéline, enchantée. Quant à la quiétude du voyage... Je l'espère aussi.

L'elfe, Eileen, se présenta à son tour, et Céowyn répondit à ses salutations. Mais, rapidement, soucieuse de mettre les choses au clair, elle attrapa Ramsess par le bras, et le tira un peu en arrière du groupe, de l'autre côté du chariot. A mi-voix, elle prit la décision de lui faire la morale ; l'évènement qui s'était déroulé là, plutôt bien, ne devait pas l'encourager dans cette voie. Sourcils froncés, elle essaya de faire passer sa colère sans hausser le ton :


- Ca va pas la tête ? Tu aurais pu tomber sur n'importe qui ! Je suis tout à fait capable de me défendre, et je refuse que tu te mettes, et à plus forte raison que tu nous mettes en danger. Je ne sais pas exactement comment ça se passait avant pour toi, mais en présence de tant d'inconnus, essaie de ne pas ouvrir la bouche sans permission, surtout pour aggresser les gens comme ça. Ca s'est bien passé, ça aurait pu être pi...

La caravane s'arrêta brusquement, et Céowyn, surprise, lâcha Ramsess. Se tournant vers l'avant, elle siffla entre ses dents et retourna au niveau du petit groupe. Ceux qui se tenaient en face avaient l'air organisés, mais pas nombreux et pas bien dangereux. Il serait plus long de dégager la voix que de défaire ces opposants. Hochant la tête en entendant les mots de Do, elle sourit, néanmoins faussement assurée :


- Une paire de passe et c'est terminé. Les autres mercenaires ne vont pas tarder à rappliquer, en plus.

Toutefois, l'idée qu'un des imbéciles là devant connaisse son existence était trop grande. Le petit groupe qui l'avait forcé à collaborer était peut-être plus tentaculaie qu'il n'y paraissait... Sautant sur son cheval, jusque là attaché au chariot par la bride, elle le talonna et remonta la file du convoi, alors qu'elle remontait son foulard jusqu'au nez et qu'elle mettait sa capuche. Lame au clair, sourire brillant mais masqué, elle prononça d'une voix ettouffée :


- Nous sommes nombreux à protéger le convoi. Allez-vous en, ou combattez.

Peut-être que le chef de convoi aurait voulu marchander, elle n'en avait cure. Etandant le champ de son pouvoir à 5 mètres autour d'elle, elle sourit en voyant un des bandits tenter quelques gestes maladroits, comme pour lancer une boule de feu.


- Mauvaise idée.

Lançant le cheval, elle s'apprêta à ferrailler.

Eileen écoutait patiemment sans jamais parlr. De toute façon, qu'aurait-elle pu dire ? Elle n'était pas douée pour lancer des discussions et ensuite moins pour en alimenter une. Elle, elle préférait largement tout regarder en silence, noter ce qui avait de l'importance et le garder en mémoire pour la suite. Elle observa donc et écouta tranquille les présentations. L'homme qui se présenta sous le nom de Do semblait assez particulier, aimant les formes féminines visiblement. La jeune femme Adéline, un nom plutôt sympathique, mais étrangement quelque chose clochait, non pas dans sa façon de le dire, mais surtout dans les sentiments qui transparaissaient des deux êtres, elle et son domestique visiblement qui se nommait on ne savait comment. Et bien le voyage allait probablement apporter son lot de quiétude et d'étrangeté, car visiblement leur petit groupe était réellement hétéroclite. L'elfe ne dit rien de plus et repensa à la scène qui s'était passé sous leur yeux. Do qui visiblement acceptait assez bien le fait que l'hybride lui ai répondu, Adéline qui n'avait pas apprécié la situation ou qui plutôt avait eu peur de la réaction de l'homme, l'hybride qui semblait comprendre et qui était somme toute contrit. Cependant, il y avait autre chose, quelque chose qui n'allait pas.

Et son empathie ne la trompa pas plus longtemps lorsqu'elle remarqua au loin un barrage fait de planche. Bon, voilà qui n'allait pas arranger leurs affaires, le chemin commençait bien. D'un autre côté, cela pourrait montrer aux autres ce que chacun était capable de faire non ? Alors qu'elle ressentait autre chose d'étrange, ne provenant pas de ses compagnons, elle écouta discrètement ce que Do disait à Adéline. Ainsi, ce serait à elle de décider de la stratégie à suivre. La détective devait bien admettre que l'homme avait raison. Personne ne se connaissait et personne ne savait si les autres savait se battre ou non. Point positif, elle savait qu'elle savait se battre, si Adéline portait une arme c'est qu'elle savait probablement se battre, Do avait aussi l'air de s'en sortir niveau combat, il n'y avait que sur l'hybride qu'elle ne pouvait rien dire. Pourtant, Eileen garda le silence, se demandant ce qui allait bien arriver par la suite, surtout lorsqu'elle vit la jeune femme sauter sur son cheval et partir devant pour... parlementé ? Elle n'avait d'ailleurs pas l'air très rassuré parce qu'elle faisait. Voilà qui n'était pas tout à fait engageant. Et d'ailleurs la suite des événements lui donnait raison tandis que les bandits semblaient attaquer par devant, elle se retourna au même moment ou l'hybride hurla qu'il y en avait aussi à l'arrière. Heureusement qu'elle était toujours derrière.

L'elfe sauta à son tour de son cheval, elle regarda les bandits qui arrivaient et dégainaient déjà leurs armes en descendant de leur monture eux aussi. Le sourire qu'ils avaient la laissa de glace. Elle savait parfaitement que sa taille, sa façon d'être et sa silhouette fine faisait souvent sourire quand elle se mettait face aux autres. Pourtant, généralement ils calculaient mal leur coup. Ne jamais se fier à l'eau qui dort. Elle aurait bien aimé ne pas sortir son arme maintenant, cependant il semblait que le destin en avait décidé autrement. Alors qu'elle mettait la main à sa ceinture, les rires fusèrent. Peu lui importait, elle venait tout juste de défaire la chaîne. Les lames dans les mains, elle les regarda une nouvelle fois, alors que le premier bandit s'avançait vers elle. Pas une arme de distance, pas une arme de corps à corps, mais plutôt un mix intéressant. Elle jeta les lames devant elle et commença alors à faire danser la chaîne de telle façon que les lames dansaient elles aussi. Le premier bandits perdit l'une de ses mains et hurla, les autres perdirent leur sourire.

« Je me disais bien aussi que vous aviez le rire trop facile. »

Elle venait de récupérer les lames et attendait la suite des événements. Probablement qu'ils ne tarderaient pas à avancer de nouveau, mais pour le moment, ils avaient l'air de vouloir se remettre de leurs émotions, ce qui fit cette fois-ci bien sourire l'elfe.

Puisqu'ils ne coopéraient pas, il faudrait bien gagner le combat de façon plus officielle. Et au final, cela ne dérangeait pas tellement la demoiselle, qui commença à faire le ménage dans le rang des bandits. Mais des renforts arrivaient petit à petit, et si Do et les autres mercenaires du convoi ne se bougeaient pas un peu les fesses, elle finirait hachée menue par les lames de ces crétins de voleur. Heureusement, chose positive, ses vêtements tenaient bien en place, et il n'y avait nul risque qu'elle ne se dévoile devant eux... Si ce n'était son pouvoir, mais il était déjà trop tard. Soufflant bruyamment en accusant le coup, elle se promit de travailler sa magie à l'avenir, du moins assez pour qu'une zone d'à peine plus grande de deux mètres de sa zone habituelle ne l'épuise plus comme elle le faisait.
Sursautant en entendant des voix venir de l'arrière du combat, elle failli être déstabilisée par un assaillant qui attaquait son mollet. Le faisant fuir d'un coup de jambe, elle tourna sur elle-même pour voir ce qui se passait derrière. Yeux grands ouverts d'abord de terreur, son sentiment se transforma en surprise quand elle vit l'elfe se battre. Elle lâcha un sifflement, et entendit des pas vifs se diriger vers elle. Enfin, les mercenaires accrédités par la caravane ! Sourire aux lèvres, elle se retourna pour continuer à se battre, mais fut interrompue par le cri de Do. Bien qu'il ai écorché son "nom", elle comprit rapidement que l'interpellation lui était destinée, et se recula. Secouée par les flammes qui vinrent lécher légèrement son dos, elle fit à nouveau volte-face pour affronter les survivants qui étaient tout de même bien nombreux. Continuant à ferrailler du mieux qu'elle pouvait, elle grogna de douleur à la place de l'homme quand il se prit une balle dans l'épaule. Elle-même épuisée et contusionnée, elle savait qu'elle devait choisir entre son intégrité et son pouvoir... Et relâcher la pression ne serait-ce qu'une demi-seconde ne lui plaisait en aucune façon.
Heureusement pour eux, le gros des mercenaires parvint à gagner les barricades enflammées, et vint prêter main-forte aux deux guerriers. Céowyn, grimaçant, proposa à Do de monter en selle derrière elle. De toute façon, avec ou sans lui, elle devait rejoindre un endroit où elle pourrait lâcher prise en paix. Voyant que le groupuscule de mercenaires avait rejoint l'avant et l'arrière, elle se sentit moins coupable ; mais se promis ne plus laisser comme ça sa magie consumer son énergie : elle n'en avait pas assez l'habitude.
Arrivée au niveau du chariot où ils étaient un peu auparavant, elle regarda son hybride fixement, comme comateuse, et se laissa glisser sur le chariot. Reprenant ses esprits, elle entreprit de voir où en était Do. S'il l'avait suivi, elle l'aiderait à retirer la balle, puis demanderait à Ramsess de tenter de le soigner. Sinon, elle l'observerait de loin quelques secondes.
De toute façon fatiguée, elle oscilla, puis flancha, tombant sur le bois avec un bruit sourd. Apprenez d'ailleurs que même quand elle dort, le pouvoir de la donzelle ne se désactive pas totalement : il bloque simplement toute magie directe que l'on voudrait utiliser sur elle. Pour qu'elle le désactive dans son entièreté, il lui faut fournir un léger effort qui nécessite néanmoins qu'elle soit éveillé, ou dans un état de demi-sommeil...

Quelques minutes qui parurent bien courtes à Céowyn plus tard, elle ouvrit les yeux, papillonnant rapidement ses paupières pour s'adapter à la lumière ambiante. Grinçant et grimaçant, déboussolée quant à l'endroit où elle était, elle finit par remarquer Do, non loin d'elle. Il prit la parole, la rassurant quant au sort de la caravane, et l'avertissant de quelques désagréments, notamment la disparition de Ramsess et de l'elfe qui les accompagnaient. Quoi ? Partis faire des trucs... Uh, elle n'était pas très réveillée, et comprenait un mot sur deux. Hébétée, elle dut attendre la suite du discours du pirate pour comprendre enfin ce qui s'était passé. Inspirant profondément, remettant les choses en place, elle finit par grimacer : il était fort peu probable qu'en plein milieu d'un combat deux personnes se soient enfuies pour faire des galipettes... Même en connaissant le tempérament du reptile. Malgré ses tempes qui battaient encore la mesure fortement, Céowyn se releva et s'approcha du bort du chariot. Sa monture était toujours là, et hennit doucement quand la main de l'humaine se posa sur son encolure. Se tournant vers Do, qui lui demandait de rester, elle sourit maladroitement :

- Je ne sais pas si je vais rester ou non. Pour l'heure, je vais tenter de chercher Ramsess. Je suis responsable de lui. Et le sort de la fille m'inquiète aussi. Si je ne reviens pas, c'est qu'ils sont plus loin que prévu.

Acceptant néanmoins la flasque d'un hochement de tête reconnaissant, elle avala quelques gorgées, qui réchauffèrent son estomac. Celui-ci lui en fut reconnaissant, et sa nausée s'estompa en quelques minutes, alors qu'elle était remonté sur son cheval. Prenant une autre monture par la bride, au cas où elle retrouverait Eileen assommée dans un coin, elle parti au galop vers le lieu de l'affrontement. Elle n'eut guère de peine à reconnaître les restes calcinés qui trainaient sur la route, et fouilla à partir de là les fourrés environnants. Pendant de longues minutes, très longues, elle baissa les yeux, elle appelait. Son pouvoir était encore trop faible pour qu'elle l'utilise, ce qui l'empêchait de se sentir rassurée. Et puis, comme pour lui faire comprendre qu'elle était mal à l'aise, elle croyait sentir son sac bouger de temps à autres. Elle devait rêver, à cause de son état de panique.
Elle chercha encore longtemps, mais ne trouva rien. Agacée, elle balança son sac par terre et hurla le nom de l'hybride. Pas de réponse. Reprenant ses affaires sans douceur, elle décida de faire la seule chose qui lui paraissait logique : courir sur les traces des survivants de l'attaque, qui avaient sans doute des nouvelles de son esclave. Il ne serait pas parti seul, de toute façon, il n'y connaissait rien : il avait forcément été capturé, puisqu'il n'y avait pas de corps. Regardant la route derrière elle, elle haussa les épaules : il y avait assez de mercenaires pour qu'elle décide de ne pas suivre la caravane. Talonnant son cheval, elle partit dans la direction opposée, cherchant des traces.