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 Chez les pêcheurs.

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Dragnis
Ojûn Matto Ta Waci
Ojûn Matto Ta Waci
Dragnis

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MessageSujet: Chez les pêcheurs.    Chez les pêcheurs.  660830Image55Mer 19 Fév - 0:17



Dehors, sur une petite pluie tenace, se formait au fur et à mesure que le temps passait une petite flaque d'eau dans le creux du chapeau abandonné. Les corps auparavant abandonnés avaient été brûlés, pas de pitié pour les truands. Le calme était revenu, les maisons gardaient jalousement la réjouissance des pêcheurs à l'intérieur, loin du froid et de l'humidité. C'était une joie silencieuse, car des pleurs restaient vivaces pour les dernières victimes. Des mères, des pères, des sœurs, des frères, ou simplement des amis. Si il était heureux que cela ai eu une fin, les violences à présent passées étaient encore brûlantes dans les chairs. Demain serait jour de fête, la nuit serait aux réconforts.

Dans l'eau chaude, le regard doré s'était perdu dans les vapeurs. Le corps qui était le sien n'avait plus la force de bouger. Elle voulait juste s'étendre, et dormir, oui dormir profondément. Dans de grandes couvertures chaudes. S'y rouler, s'y cacher.

Derrière elle, Dania démêlait ses cheveux, penchée au dessus de la grosse bassine fumante. Celle qui remplissait le rôle d'épouse aux côtés de l'aubergiste Galaen, avait insisté pour que la jeune Dragnis monte avec elle. Rondouillarde, elle était douce et pleine de générosité. Ojûn se sentait comme un animal blessé que l'on tentait de réparer avec affection. Son tablier était trempé par l'eau du baquet. Avec toute sa bonne volonté, elle avait préparé en pleine nuit un bain chaud. Ojûn se laissait complètement faire, abandonnant sa chair à quiconque. Elle était fatiguée.

Silencieuse, elle obéissait, telle une enfant, aux ordres doux de Dania. Nue, un sceau d'eau lui avait été versé dessus, préalablement chauffé par quelques pierres issues du poêle. Le sang et la boue nettoyés, elle avait pu glisser son corps dans l'eau bienfaitrice. Et Dania s'était occupée, à la manière d'une gouvernante, de lui frotter la peau, de laver ses cheveux et de les démêler.

Ojûn vagabondait dans les souvenirs, comme elle le faisait autrefois sur les reflets. Dans son esprit, revenait à elle le regard de Nufhaj, les paroles prononcées. Un sourire tentait de s'esquisser à l'idée qu'il ne l'ai pas cru. Ce n'était pas grave. Il était peut-être mieux qu'il n'en soit pas convaincu, en ce qui concerne ses origines Dragnis. Mais il avait eu raison. Ce monde n'avait pas besoin qu'elle intervienne. Non, en fait, elle n'en avait pas le droit. Les interdictions à ce sujet étaient gravées en elle, depuis si longtemps...Et pourtant, la demoiselle avait l'intime conviction de n'avoir vécu que par ses miroirs et les douces paroles de la Dame. Mais elle voulait plus y penser, ne plus y réfléchir. Nufhaj avait retrouvé sa raison, avait tourné le dos. Peut-être était-il en train de chasser les derniers bandits,  ou peut-être rassurait-il les pêcheurs. Ojûn le croyait robuste, et ne doutait pas un instant qu'il retrouve rapidement une forme sans pareille.

Ce qui n'était pas le cas de l'étranger. Quand il s'était effondré, c'est sans hésiter qu'elle l'avait soutenue. Effrayée par le sang, par toute cette vie qui s'échappait, elle avait essayé de rassembler dans son pauvre petit corps les dernières forces qui lui restaient pour l'aider. Mais le dit Alto était plus robuste qu'il n'en avait l'air. Car même si l'intention y était, Ojûn n'avait pas été très utile, à part peut-être pour servir de canne, et encore. Quand il perdait l'équilibre à cause de la boue, la Dragnis sentait son poids tout entier s'avachir sur elle. Si il ne revenait pas à se redresser, ils seraient tous les deux tombés, la demoiselle écrasée par le poids.

Heureusement que le grand aubergiste barbu avait fini par ouvrir pour se précipiter sur eux. Une fois écarté d'elle, Ojûn se rendait compte comme le sang lui avait tâché les vêtements. Sans avoir eu le temps d'en être horrifiée, aux paroles de Galaen la Dragnis avait répondu d'un geste sûr : elle avait franchi le seuil de la porte, décidée à rester là. Elle veillerait. Veillerait à ce que celui-ci reste en vie. L'image du corps de Baldin restait gravé dans son esprit. Le Destin ne pouvait pas continuer sa mortelle cruauté. Elle prierait. Prierait pour qu'il épargne la vie de l'hybride.

La petite femme avait rassemblé ses cheveux blonds en un chignon bien serré, et n'avait pas hésité, s'était occupé de l'hybride qui gémissait, pendant que l'homme s'était adressé à la jeune inconnue qu'il prenait pour plus brave que la réalité. Une seule et unique phrase. Ojûn, depuis, n'avait pas pu en dire plus. Sa gorge était restée nouée, et ses lèvres closes.

"Le Capitaine est mort. Et la présence d'un Garde Pourpre aidera à ce que cela ne se reproduise plus."

La Dragnis était persuadée que Nufhaj, malgré son apparente bêtise, avait au fond, quelque chose de bien. Mais, de vraiment bien. Et elle faisait confiance à son caractère buté pour qu'il veille à ce que le village soit en sécurité pour un moment. Si il avait pu lui envoyer de quoi la ramener à Enzora alors qu'elle se trouvait en plein désert, il était alors tout à fait capable de faire plus.

La nouvelle avait rendu au visage de Galaen un ton plus jovial. Il avait embrassé sa femme, qui elle n'était pas encore tout à fait exempt à se laisser aller au ravissement d'une si bonne nouvelle. Ses mains étaient rouges, et tremblaient. Ojûn se demandait si ils étaient humains. Ou sang-mêlés. Les humains n'aidaient pas souvent les hybrides, à ce qu'elle avait compris. Peut-être ceux là étaient différents, tout simplement.

Dania, s'épongeait le front avec son avant bras, tenant dans ses mains une étoffe humide. Elle donnait à son mari des ordres secs, qui incitaient à la rapidité dans leur exécution. De l'eau chaude, du linge propre. Et enfin, la décoction. Cela avait ressemblé à du lait trop épais.

Pendant que Galaen était parti préparer la cuisine en rallumant le foyer,  Dania terminait son travail. D'un froncement de sourcil et d'une voix autoritaire, elle avait obligé l'hybride à rester allongé un moment.

La Dragnis s'était approché de lui, d'un geste d'abord hésitant car elle avait peur de voir sur la table qu'un corps sans vie, comme celui de Baldin quelques heures plus tôt. Mais quand elle avait croisé le regard, plus vivace qu'à l'instant, d'Alto, elle avait été rassurée. Ce qui l'avait même autorisée à esquisser un vague sourire, et détendu les traits de son visage. Il vivrait. Le Destin, peut-être, avait terminé sa sinistre besogne.

Quand la situation n'avait plus été critique, une lourdeur effroyable s'était jetée sur ses épaules. Heureusement que Dania avait décidé de prendre les choses en main. La femme avait poussé la petite Dragnis, cette dernière se laissant guider non sans jeter un dernier regard au blessé.

Et voilà comment elle s'était retrouvée dans un bain chaud. Ojûn se demandait encore depuis combien de temps elle n'avait pas pris de vrai bain. Depuis combien de temps ne lui avait-on pas coiffé la tête.

Si l'eau ne devenait pas froide au fur et à mesure, la Dragnis aurait bien voulu s'endormir dans cette reposante chaleur. Dania l'obligeait cependant à se redresser. Bientôt, le sommeil lui serait accordé, mais pas encore. Une large robe lui était prêtée. Les vêtements sales quant à eux resteraient à tremper.
Après avoir enfilé des chausses courtes doublées avec de la laine de mouton, Ojûn suivait donc, comme une somnambule, la petite femme jusqu'au rez-de-chaussée, dans la cuisine.

Sur la vieille table en bois, des bols de soupes. L'un d'eux était déjà occupé à être vidé par Alto.

Invitée à s'asseoir auprès de l'inconnu à plumes, Ojûn passait près de l'unique fenêtre. Son reflet lui faisait penser à un fantôme, comme dans les livres d'histoires racontées par les humains. Avec sa longue chevelure blanche, et sa peau tout aussi claire...

Le bol était chaud, mais, toujours aussi silencieuse, Ojûn n'osait le boire. En réalité, elle avait trop peur de vomir à nouveau, et c'était plutôt gênant. Les deux humains posaient des questions, sur ce qu'il s'était passé, comment.

"On sait que vous êtes de braves gens, mais je me demande bien qui vous êtes. Vous là, je vous ai vu, avec les marchands. Ils sont tous partis vous savez..."

Ojûn levait les yeux vers la grosse barbe.

"Pas tous."

Galaen lui accordait un regard compréhensif. Lui aussi, y avait perdu. Un fils qui, lui aussi, croyait changer le court des choses.

"Les corps de vos morts, où sont-ils enterrés ?"
"Oh, derrière la petite chapelle du Père Harrn. Il a beaucoup prié ces derniers temps...Et les croix sont si nombreuses...Il a fallu l'agrandir, le cimetière. Ils seront enterrés une fois reconnus par un tiers : vous pouvez aller chercher vos propres morts si vous le souhaitez..."

Ojûn était rassurée. Baldin aurait une tombe. Elle ne s'en sentait pas encore le courage, mais la Dragnis savait qu'elle irait. Errer entre les linceuls lugubres, scruter les visages, parfois figés, parfois disparus. Et irait reconnaitre Baldin.

"Il est temps d'aller dormir. Galaen, va chercher des poêles, je vais préparer les lits."


Dania s'était levée. Oui, il était temps de fermer les yeux, et de sombrer. Sombrer, et peut-être, ne pas se réveiller. Ojûn ne voulait pas de lendemain.
Galaen s'était levé, et les deux époux quittaient la salle.

"Merci. De vous être inquiété pour moi. J'espère que vous allez mieux qu'il y a un instant."

Ojûn fixait son bol. De l'oignon y flottait, accompagné par des carottes et des poireaux.

"Je suis contente que vous ne soyez pas en prison."

Entre temps, elle avait ramené contre elle ses cuisses, et enserré ses genoux dans ses bras nus. Le menton caché, elle appuyait sa tête sur ses genoux, tout en continuant à fixer le bol encore plein. Ses talons reposaient sur le bord du banc en bois, où ils étaient tous les deux assis. Ojûn souhaitait que Bélize revienne. Il avait immédiatement filé après leur arrivée au village, et ce n'était pas plus mal, mais son serpent lui manquait. Dans un petit sursaut discret, une pensée pleine d'ironie lui arrachait un sourire. Car elle espérait que son adoré ne soit pas attrapé par un vilain corbeau affamé.


Dernière édition par Ojûn Matto Ta Waci le Jeu 20 Fév - 19:05, édité 3 fois

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MessageSujet: Re: Chez les pêcheurs.    Chez les pêcheurs.  660830Image55Mer 19 Fév - 11:19

Chez les pêcheurs


Ojûn Matto ta Waci | Alto Crow


 

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Tout s'était passé trop rapidement pour que j'en ai un souvenir intact. Nous avions failli tomber, mais la demoiselle m'avait soutenu. La boue maculait nos pieds, le sang nos corps. La fièvre me rongeait comme un chien un os, et l'aubergiste était sorti pour nous aider. Je m'étais ensuite vu allongé de force sur une table sans plus de procédés, et une femme au regard décidé s'était approché pour me soigner. Je m'étais laissé faire, et alors que son mari partait chercher de l'eau chaude, des gazes, elle me soignait comme elle pouvait, sa main diffusant une douce lumière. Magie des hommes, magie de soin. Je sentais déjà la fièvre diminuer, et mon esprit se rassembler, attrapant les morceaux épars pour en faire une conscience.

Finalement, l'eau chaude fut apportée. Le tissu porté sur mes blessures, je dus boire une décoction au goût infect, mais je devais dire que je reprenais conscience tout doucement, et il était agréable de ne plus se sentir mourir, se vider de son sang. Enfin, on m'avait laissé. Le baquet d'eau était devenu rouge, et les gazes étaient imbibées de sang, mais j'en pris un morceau encore sans tâches et m'efforçais de retirer le sang coagulé de ma peau. La jeune femme s'était approché, et son sourire me fit cligner des yeux, sans comprendre. Pourquoi était-elle restée ? Néanmoins, une vague de reconnaissance flotta en moi. J'étais heureux de me retrouver avec elle ; peut-être parce que j'avais peur qu'elle ne parte seule et n'ait des ennuis. Peut-être parce que j'appréciais sa présence, en un sens.

La femme de l'aubergiste, Dania, prit en mains les choses, et ordonnant à son mari de s'occuper de la nourriture, elle emmena Ojûn dans les étages. Galaen m'ordonna de le suivre, et je pris un baquet d'eau chaude pour me laver également. Il proposa de rester dans la cuisine, car il avait à me parler. Sans aucune pudeur - allez savoir si c'était le contrecoup du choc ou un trait de caractère absent chez moi - je m'assis dans un baquet fumant, où l'eau ne tarda pas à avoir plusieurs couches de crasses en surface. Armé d'un tissu et d'une éponge, je grattais le sang et la boue pendant que l'homme remuait un brouet et s'occupait de légumes.

Sans vous, je serais mort. Je vous remercie.
Alto, c'est ça ? Vous avez pris une chambre chez moi, c'est la moindre des choses. Je n'ai pas pour habitude de laisser mes clients mourir sous mes yeux ... Il avait une voix agréable, presque berçante. Il touillait dans une marmite, et les odeurs qui me parvenaient faisaient gronder mon estomac.
Vous nous avez vu. Nous battre. Vous avez donc ... Dû voir ... Ma ... Mon apparence réelle. Autant parler crûment. Mon regard de sable luisait dans la pénombre de la cuisine, et je posais mes prunelles sur l'aubergiste. Il me rendit mon regard, et haussa les épaules.
Que voulez-vous que je vous dise ? On a rarement vu des hybrides, ici, et la plupart avaient des maîtres. Votre race est en esclavage. Mais vous faites ce que vous voulez de votre vie, mon ami. En tout cas, moi, je ne raconterais pas ce que j'ai vu. C'est la moindre des choses, pour quelqu'un qui n'a pas hésité à se battre pour nous, non ?

Je restais silencieux, et tout en réfléchissant, plongeais la tête dans le baquet. Mes cheveux flottèrent autour de moi. Cet homme garderait donc mon secret. Il n'avait pas hésité à me porter secours. Parce que je l'avais aidé. Les dieux n'avaient pas encore demandé à ce que mon secret fût dévoilé. Soupirant, je sortis tête et corps de l'eau, et mon regard critique se porta sur ma masse de muscles et ma peau livide. J'étais couturé de cicatrices, notamment dans le dos, là où aurait dû se trouver mon aile droite. Souvenir de mon dernier combat comme prince des cieux. La blessure qui m'avait presque tué, qui avait changé ma vie. Je m'habillais de vêtements propres prêtés par l'aubergiste, et j'eus un mince sourire : chemise et pantalon me donnaient l'air d'un simple paysan, et même ma carrure se prêtait mieux à celle d'un pêcheur que celle d'un religieux. Je remis mes bottes, les essuyais soigneusement, et allais déposer dans la salle des bols et des couverts. J'aidais également à ranger la pièce, à passer le chiffon sur les tables, et enfin, m'assis sur un banc devant la soupe.

J'avais commencé à manger, songeant qu'il n'y aurait nul grief à mon encontre de manger chaud plutôt que d'attendre vainement, quand Ojûn pénétra dans la salle avec Dania. Lavée et propre, elle semblait plus digne. Mais son air était définitivement perdu, comme si elle s'était déconnectée de quelque chose. Ses vêtements étaient différents, eux aussi, et bizarrement, ils faisaient ressortir sa peau de lait, sa longue chevelure d'argent et ses yeux d'or. Je lui octroyais un petit sourire, quand elle s'assit face à moi, et continuais de manger. La fièvre avait sapé mes forces, et j'avais besoin d'en reprendre.

J'écoutais d'une oreille les questions et les réponses ; je n'avais pas de mort à proprement dit, mais je me ferais un plaisir d'aller prier avant de partir. Pour le salut de tous ces êtres qui, souhaitant se battre contre l'oppression des pirates ou simples victimes malchanceuses, ne méritaient pas de mourir.

L'idée de dormir dans un bon lit me rasséréna. Ojûn semblait, elle aussi, un peu mieux. Elle n'avait pas touché à sa nourriture. Serrée contre elle-même, elle ressemblait à une noyée. Galaen et Dania étaient partis dans les étages, chauffer les lits et préparer nos chambres. Je voulus la remercier, mais elle fût plus rapide que moi. Mon regard de sable la scruta. J'eus un petit sourire, mi-figue mi-raisin, hésitant entre amusement et résignation.

Dania a réussi à chasser fièvre et douleur, et la plaie est fermée. Je garderais une cicatrice, mais j'y suis habitué. Et c'est plutôt moi qui devrais vous remercier : vous auriez pu me laisser dans la boue. Au contraire, vous m'avez aidé. Vous avez donc mes remerciements les plus sincères.

Je me tus un instant, en l'observant avec douceur. Elle paraissait très jeune, très fragile également. Mais je ne pouvais contenir ma curiosité ni les paroles qui alourdissaient mon coeur.

C'est grâce à vous que je ne suis pas enfermé. Vous avez eu les mots qu'il fallait pour donner ce sursaut à ce garde. Vous vous connaissiez. Peut-être les dieux vous ont-ils mise là, sur mon chemin, pour m'éviter les fers. Je ne savais ce qu'elle pensait de l'esclavagisme des hybrides. Je m'arrêtais là sur ce sujet, et abordais un autre thème : J'ai très vaguement suivi ce qui s'est passé mais ... Mais je me souviens d'une chose. Mon esprit s'y est accroché malgré ma fièvre. Vous avez dit être une Dragnis.

L'idée que je me faisais d'une Dragnis n'était pas exactement au diapason de l'apparence de la jeune femme. Mais après tout, n'étaient-ils pas d'une beauté inhumaine ? Certes, la jeune femme ne pouvait hypnotiser les hommes par un regard, mais elle avait une espèce de charme tout à fait agréable. Ce côté pâle était délicat, doux, et elle me faisait penser à un cygne plutôt qu'à un dragon. Néanmoins, je la croyais. Il y avait quelque chose chez elle de différent des humains ; était-ce ma nature hybride qui me donnait cette intuition ? Je continuais de l'observer ; à elle de voir si elle désirais en dire plus ou non. D'un geste délicat, je l'invitais à manger. Elle aurait besoin de reprendre des forces ; mon inquiétude pour elle n'était pas feinte.


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MessageSujet: Re: Chez les pêcheurs.    Chez les pêcheurs.  660830Image55Jeu 20 Fév - 19:03

Son corps se dépliait, la position étant devenue inconfortable. Lassitude.

Longtemps, le silence avait été gardé, laissant les paroles de l'hybride flotter dans la pièce. Oui, manger, peut-être. En espérant ne pas être à nouveau prise de soubresauts si désagréables. Pour répondre à ce conseil, la petite main s'était saisie de la grossière cuiller de bois, allant jouer avec les légumes qui flottaient.

Pensées pour les mots du sombre corbeau...


“Je n'ai pas été très utile...Je n'ai finalement fait qu'arracher à un homme ce qui était son visage...”


Elle repensait aux éclats d'os, baignant dans le sang. Le gargouillis que la gorge faisait, déchirée dans laquelle se versaient les dents cassées et une langue lacérée. Le sifflement d'une dernière respiration, engloutie dans les chairs mises à nues. C'était sans parler de la cervelle, qui ajoutait une note colorée dans la bouillie humaine. Le couteau qui avait été utilisé pour la triste besogne reposait dans son fourreau, à l'étage. Une arme tranquille, que seule une main pouvait rendre meurtrière. Devenir plus habile avec cette lame.


Cette pensée était  vite effacée. Il en était hors de question. Les Dragnis n'avaient pas à apprendre les arts qu'enseignaient la mort. La mort était le vice du Destin, lui seul décidait si la lame, le poison, détruisait ou non l'enveloppe charnelle des êtres d'En-Bas.

C'est en ayant ce refoulement profond d'une pensée interdite, qu'Ojûn se rendait compte qu'elle avait commis un acte plus grave encore. Elle avait détourné Nufhaj de ses idées. Un autre quidam n'aurait peut-être pas réussi. L'hybride lui-même n'avait pas fait changer d'avis le grand nigaud. Peut-être le Destin lui réservait-il ses longs bras morbides. Mais elle était venue s'interposer, et voilà que l'idée l'effrayait d'avoir commis un tel péché. Mais ce n'était qu'après ces lugubres pensées qu'il devenait évident que ses gestes avaient été beaucoup plus loin que ses paroles. Car dans son esprit, elle avait simplement remplacé Nufhaj dans la lourde tâche qu'était le meurtre. Mais peut-être que l'elfe aurait hésité. Peut-être que l'elfe aurait préféré enfermer le Capitaine, donner sa Justice. Ou peut-être même que le Capitaine aurait réussi à se libérer de l'entrave, pour tous les tuer. Et encore bien d'autres chemins étaient possibles. Et plus la demoiselle s'en rendait compte, et plus son souffle manquait, et à nouveau la terreur secouait ses entrailles.

C'est donc avec un regard effaré qu'Ojûn se tournait pour observer Alto le corbeau.

"Vos Dieux, si nombreux soient-ils, ces multiples facettes du Destin, ne guident pas mes pas..."


Ses mains tremblaient, très légèrement, pendant que dans son dos roulaient par cascades ses longs cheveux.

Elle essayait de reprendre une respiration normale, mais rien n'y faisait. Esquisse d'un sourire. Sa voix était presque muette, perdue dans un souffle qui lui manquait.

"Vous semblez ne parler qu'en la faveur de vos Dieux. Le croyant que vous êtes comprendra alors aisément ces mots : le péché que j'ai commis, vous a en effet sauvé la vie."


Soupirs. Le bol ne serait jamais entamé. Un instinct, qui tout à coup, la pousse à se relever, et à guider ses pas vers la petite fenêtre où elle aperçoit son double fantomatique. L'air frais qui surgissait pour se jeter sur son visage une fis la vitre ouvert l'avait saisie. Dehors, quelques éclats de voix, lointains, et la mer, qui grondait. La mer, qui finalement, n'avait que faire des évènements : rien n'arrêtait le roulement paisible de ses vagues. Elle était la spectatrice silencieuse du sang versé, et avalait sans rechigner les cadavres qu'on lui cédait.

Après un moment, tournant le dos à Alto, elle tendait son bras nu et blanc à travers la fenêtre. Entre ses doigts, se glissait la petite tête verte de Bélize, et avec une souplesse reptilienne, il enroulait son corps vert autour de l'avant-bras.

Fenêtre close, retour à la chaleur des intérieurs.

Ojûn se sentait un peu plus rassurée, d'avoir contre elle son serpent. Faisant à nouveau face à l'hybride, elle s'appuyait contre le mur.

"Que je sois Dragnis ou non, cela n'a plus d'importance. Bientôt, ma vie sera sûrement écourtée par les miens."

Encore un sourire, mais cette fois, un peu plus triste. Perdue dans cette idée, elle ne remarquait pas les écailles qu'elle avait jadis perdue en quittant la Citadelle, et qui, de manière encore éparse, recouvraient par endroits la peau de ses avants-bras.

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