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« Alrun Lifthaisir » Vingtaine d’années – Sang-mêlée – Dessinatrice, mandoliniste et poétesse – Artistes et saltimbanques Alrun a développé une forme dérivée de magie émotive : depuis son plus jeune âge particulièrement sensible aux émotions d'autrui, elle est capable de deviner - à un degré plus ou moins précis- l'état d'esprit de tiers. Et de cette analyse découle son don... Car cette jeune femme peut exhalter ou apaiser les émotions de ceux qui entendent sa voix ou sa musique.
De ce fait, elle se montrerait incapable de faire naitre des sentiments n'existant déjà chez sa cible. Non, son art se résume en une catharsis. Calmer une joie, affirmer une frayeur, dissiper un doute... Et bien que logiquement puissant, c'est là une magie hasardeuse tant les facteurs peuvent varier. Elle dépend non seulement de l'analyse d'Alrun mais également de ce tiers qu'elle souhaite influencer : ainsi, un homme dont la générosité serait une vertu cardinale ne pourrait subitement se retrouver à jouer les avares. La personnalité ne peut être changée. En somme, plus Alrun cernera le caractère d'autrui, plus elle sera en mesure de jouer de sa magie sur lui.
Mis à part cela, la sang-mêlée ne possède réellement de capacités particulières. Elle ne sait que se battre de façon instinctive, n'est ni une grande oratrice, ni une bonne compagne de beuverie.... Oh. Si l'on devait citer toutefois une compétence, ce serait son talent à disparaitre lorsque la situation tourne mal. Elle court vite, la Alrun.
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« voilà ce que je suis »
Car je ne puis exister, je peindrai vos pensées...Alrun est
une sang-mêlé, née de l’union d’une hybride et d’un elfe.
De sa mère elle tient sa part animale. Elle est en effet pourvue de similitudes avec les corbeaux : cheveux noirs aux reflets bleutés, plumage de la même couleur le long de sa colonne vertébrale.
De son père, elle a hérité d'une silhouette altière, des yeux clairs ainsi qu'une paire d'oreilles pointues.
Et si son enfance fut sombre en bien des points à cause de cette nature abhorrée, elle n’a pas non plus manqué de grand-chose. Affection, nourriture, chaleur… Elle avait grandi entourée d’amour parental en ignorant une partie de la cruauté du monde. Bien des êtres l’envieraient pour cela. Mais elle s’en était agacée lorsqu’enfin la vérité vint se peindre devant ses yeux innocents… et naïfs.
Il lui semblait avoir moins d’une dizaine d’années, neuf ans peut-être, quand elle apprit qu’avoir du sang hybride était synonyme de haine. Une marque d’asservissement. Des hommes avaient eu vent de l’existence d’une petite famille de reclus aux alentours des forêts obscures et s’en étaient venus capturer de nouveaux esclaves. Bien sûr, son père fit tout ce qu’il put… Au lieu de quoi il échoua en plus de trouver la mort. Les juvéniles yeux d’Alrun ne comprirent tout de suite les aboutissants de ces évènements. Elle n’avait jamais vu la Providence faire ses offices, après tout.
Suite à ce tragique soir, mère et fille devinrent esclaves ; l’une se fit compagne de nuit de quelque homme tandis que l’autre apprit à distraire, amuser, travailler. Et oublier aussi, ce que son esprit ne pouvait accepter pour continuer de vivre. De là sans doute est né son relativisme caractériel. En effet, bien des questions se bousculent dans son esprit curieux mais rares sont les fois où elle en fait étalage.
D’autre part… Serait-il osé de le penser, mais la dureté de cette vie lui apporta quelques bénéfices développés par nécessité. Elle était née avec cette magie latente, toutefois divers évènements l’affirmèrent : elle apprit à jouer des sentiments d’autrui afin de se sauver des coups, ou encore pouvoir manger et dormir. La magie d’émotion était difficile à appréhender, surtout qu’elle se manifestait d’une façon peu commune chez Alrun, néanmoins, elle lui doit sans doute la vie.
La sang-mêlé a mené ce quotidien durant plusieurs années, elle ne saurait exactement combien tant ses souvenirs étaient épars ; et cette vie d’esclave, en plus de la rendre partiellement amnésique, détruisit tout lien avec sa mère. Cette dernière avait perdu la raison et fut rapidement remplacée.
Alrun ne se faisait guère d’illusions sur son sort.
Quoiqu’il en soit, alors qu’elle venait sur ses quatorze ou dix-sept ans, la sang-mêlé retrouva finalement la liberté grâce à la faillite de son maitre. Les biens de l’esclavagiste furent vendus, parmi lesquels elle comptait. Fortune taciturne ou aléas du destin, Alrun put profiter de l’inattention de son geôlier pour prendre la fuite.
~ Et aujourd'hui...
Après deux ans de cavale, le monde sembla l’avoir oubliée. Elle qui avait appris de son père les arts, choisit de laisser ses pas déambuler sans but en vivant de ses quelques dons.
Depuis, elle fréquente régulièrement les auberges, ruelles et tavernes des villes où se trouve son principal public. On l’y voit souvent, juchée sur un tabouret, les pieds ne touchant tout à fait le sol, sa mandoline sur ses jambes ou bien devant un chevalet, occupée à peindre quelque figure. Ce que ses yeux perçoivent mais également cet esprit qu'elle devine.
Ses doigts pâles où se multiplient les cals sont sûrs et vifs.
Son visage longiligne emprunte de temps à autre une mine concentrée sinon songeuse.
Ses paupières parfois fermées dissimulent un regard ambre vague, comme si elle n’était tout à fait là.
Puis sa bouche fine esquisse un sourire satisfait, tandis que sa main retombe contre sa hanche galbe.
Alrun est plutôt jolie, un brin mystérieuse car très secrète sur son passé, sociable malgré tout avec son sourire facile. Elle apprécie la compagnie d’autrui tant que celle-ci reste au stade de la simple rencontre : elle ne veut d’attaches ni de dépendance.
Silhouette altière d’un mètre soixante-dix, elle est en tout temps chaussée de bottes hautes en cuir et à semelles épaisses, vaquant sur les routes, avançant d’un pas leste dans sa cape bleue et vêtue de son éternelle robe noire, griffonnant au gré de sa marche des vers sur ses souvenirs, sur la vie. Sa mandoline en travers du dos.