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 Le carnet d'un assassin.

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Hybride
Zayev
Zayev
Hybride

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MessageSujet: Le carnet d'un assassin.   Le carnet d'un assassin. 660830Image55Jeu 19 Déc - 14:51


Zayev


Identité
Un Hybride placé sous le signe du loup, doté d’un pelage aussi sombre que son passé. Destiné à devenir un esclave, il a brisé ses chaînes le lendemain de son rituel. Voyageant à présent sans l’ombre d’un maître à ses côtés, il préfère éviter la milice et les problèmes. Son but actuel semble d’intégrer la Pie Écarlate, sans doute pour y devenir un assassin reconnu. Ancien esclave martyrisé, il vagabonde et accepte tout contrat pouvant aider son peuple persécuté.
Rôle play
La nuit, tous les Hybrides sont gris • PV : Moriline • Une voix mélodieuse interpelle Zayev qui décide d'aller l'écouter de plus près. Arrivé sur la scène improvisé de la chanteuse de rue, cette dernière se fait malmener par des idiots éméchés. Rien d'important selon le loup, jusqu'à ce qu'une main baladeuse et désinhibée découvre le secret que cache la jeune demoiselle. TERMINÉ

Avenir Assuré • PV : Moriline, Do • Moriline apprend à Zayev qu'un pirate pourrait servir de recruteur pour la Pie Écarlate. Les choses se dessinent enfin pour notre hybride loup ! TERMINÉ

Pleine mer ! • PV : Moriline, Do • Un petit voyage en bateau jusqu'à Zahel, quartier général de la Pie. Que peut-il arriver de mal ? EN COURS

Pour quelques gouttes de sang • PV : Wylkaïn d'Erachlion • A trop trainer les pattes une fois la nuit venue, on risque de faire de mauvaises rencontre. Et même dans un village en apparence tranquille, la situation peut toujous empirer.EN COURS
Thèmes musicaux

Brand X Music • World Without End

________________________

Audiomachine • The Truth


Titres possédés
Esprit de Noël • Titre obtenu en snobant le généreux vieillard.
Corbeau • A obtenu une audience avec Aslan et en est revenu vivant.
Bourse et objets
Une poignée de pièces de bronze et une dague légèrement usée.

Liens et relations

Moriline
Hybride • La vingtaine • Hors-la-loi
Une hybride renarde chanteuse à ses heures perdues. Elle est une fugitive peu expérimenté et s'est retrouvé en position de faiblesse, avant d'être secourue par Zayev.
Rencontre : Place du marché d'Aratos

Do
Humain • Entre 30 et 40 ans • Pirate
Un capitaine pirate porté sur la boisson et les femmes, qui a des liens avec la fameuse Pie Écarlate. Un homme charmant.
Rencontre : Aratos • Quais

Wylkaïn d'Erachlion
Sang mêlé humain/hybride • La vingtaine • Hors-la-loi
Un assassin avec qui je partage quelques points communs, notamment l'art de l'assassinat, du sang hybride et des techniques de combat semblables
Rencontre : La grande rue du village d'Azal


Icones du personnage

Le carnet d'un assassin. 1387377073-journalzayev Le carnet d'un assassin. 1390000787-journalzayev2


Dernière édition par Zayev le Sam 29 Mar - 15:59, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: Le carnet d'un assassin.   Le carnet d'un assassin. 660830Image55Dim 16 Mar - 1:35

L’important n’est pas le début ni la fin d’une vie,  

mais le chemin reliant l’un à l’autre.



Certains sont nés dans l’affection et la sécurité d’une famille aimante, peu soucieux d’avoir à subir des changements radicaux du jour au lendemain. D’autres sont nés libres, capable d’entreprendre tant de choses au nom de leur « destinée », sans aucune entrave physique ou morale pour les clouer au sol. Il y a ceux dont je plains tout autant leur enfance que la mienne. Ceux qui sont nés dans le luxe et qui n’ont jamais gouté au même pain que le reste de la plèbe, qui n’ont jamais vraiment vécu.

Et il y a ceux qui sont nés esclaves.



La sécurité, la liberté, le confort... Je n’ai jamais connu ça. Dès l’instant où j’ouvris les yeux sur ce monde, mes geôliers me traitèrent comme une bête de somme. Encloitré, surveillé et nourri comme un cheval de trait que l’on destinait au travail jusqu’à ce qu’il ne tienne plus sur ses propres pattes. Né dans un camp près des mines de métal, il eut été facile de comprendre ou j’allais passer le reste de ma vie. Dès que je sus marcher sur deux pattes et tenir une pioche, on m’envoya dans les galeries les plus récentes et donc les plus profondes. Ma petite taille me permettait d’explorer les plus étroites cavités naturelles sans avoir à creuser un trop grand passage, ce qui évitait d’avoir à envoyer des hybrides creuser pour rien. Une histoire de productivité, et d’investissement, deux termes typiquement humains. Ainsi, dans une pénombre presque totale, seule une fine bougie dont la flamme vacillait à chaque coup de pioche me servait de lumière et de fil d’Ariane pour sortir des méandres de la roche une fois la journée terminée. A juste titre, je ne pouvais sortir qu’au crépuscule, sous peine de me faire renvoyer à mon poste à coups de pied. Dehors, je me retrouvais alors entassé avec mes frères hybrides dans de petits camps de fortunes clôturés à quelques pas de l’entrée des mines. Au lever de soleil, que nous n’avions jamais vraiment le temps d’entrevoir, il fallait redescendre dans l’enfer noir. Ainsi se passait nos journées, entrecoupées de pauses repas qui, aussi infâmes étaient-ils, avait au moins le mérite d’octroyer de véritables pauses. Elles étaient l’occasion pour tous les hybrides de pouvoir se retrouver et de nouer des relations, ce qui dérangeait nos tortionnaires. Les plus jeunes s’amusaient pendant que les adultes trouvaient réconfort dans divers activités, comme des discussions, du troc, et de temps à autre, des tentatives d’évasions, souvent perdues d’avance. C’était aussi pendant ces pauses que passaient parfois des nobles à la recherche de nouveaux esclaves.

Étant ici depuis mon plus jeune âge, j’avais acquis au fil des années de travail un corps certes mince à cause des portions de repas, mais avec une musculature décente. De par ma morphologie très animale, ma jeunesse et ma bonne condition physique, je fus acheté par un noble qui comptait se servir de moi comme un véritable chien de garde. Pavaner un loup noir au bout d’une chaîne en impose dans la haute société. Le problème, c’est quand ledit loup est récalcitrant à l’idée. Je n’avais jamais supporté le concept d’être la propriété d’un autre. Dans la mine, les chefs n’avaient pas vraiment de visage, je me contentais donc de cracher sur chaque humain que je croisais. Mais sous la tutelle d’un noble, je savais qui maudire avant de m’endormir. Un certain Aaron Talen, un marchand qui avait réussi à se faire un nom et qui possédait maintenant plusieurs caravanes sous son autorité dans tout Elden. Le quadragénaire sang-mêlé usait de son charisme elfique et son tact humain pour vendre tout à n’importe qui. Et grâce à sa magie de charme, il n’avait que peu de refus.

Aussi, mon comportement réticent l’amusa au début. Selon lui, le temps finirait par me rendre plus docile. Le temps, couplé à l’isolement. Il m’enferma dans une cave qui n’avait rien à envier à une cellule de prison, située dans les fondations de sa demeure principale. Plus précisément, il s’agissait d’un renfoncement de la pièce dont un rideau de barreaux en fer servait de séparation. Chaque jour, une domestique, hybride elle aussi, venait m’apporter de quoi ne pas mourir de faim et une bassine d’eau. Une lézarde d’une quinzaine d’année, dont la peau était parsemée d’écailles vertes ici et là, prénommée Delmera. Elle était ma seule visite agréable, et je ne manquais jamais de lui rendre un sourire en la remerciant. Ses yeux dorés me fuyaient constamment, comme habitués à une vie de servitude. La pauvre était tellement ancrée dans sa condition qu’elle gardait un regard d’esclave même en face d’un autre hybride. On lui avait expressément interdit de passer plus de quelques secondes dans la cave, lui laissant à peine le temps de déposer ma gamelle et cette lourde bassine d’eau avant de repartir. Cependant, les quelques instants passés en sa compagnie suffisaient amplement à me faire oublier ma propre condition.

Malheureusement, Delmera n’était pas ma seule visite. Une fois par semaine, la porte de mon cachot laissait entrer deux personnes, toujours dans le même ordre. La première était Beomos, un humain massif qui avait obtenu son rang d’homme de main grâce à sa carrure d’armoire à glace. Aussi intelligent et sensible qu’une poutre en chêne, pour rester sur les comparaisons de mobilier. Il portait en permanence une armure en cuir bouilli recouverte de plaques d’aciers accompagnée d’un casque en métal, le rendant invulnérable aux attaques à mains nues. La seconde personne n’était autre que son chef hiérarchique, Aaron. Et chaque semaine, ce dernier se présentait face à moi pour me poser la même question, bien protégé derrière les barreaux de mon foyer.

▬ Alors, t’es-tu décidé Zayev ?

Il n’avait rien besoin d’ajouter, car nous savions tous deux parfaitement ce qu’il entendait par là. Chaque semaine, sa réaction était la même. Mon refus lui faisait froncer le visage, il s’éloignait et faisait signe à son molosse en armure d’entrer dans ma cellule pour me flanquer une bonne correction. Pas une sentence très importante, mais suffisamment pour teindre le sol de ma cellule d’un magnifique pourpre. Il n’avait pas pour but de me lapider, mais bien de me domestiquer. Ce protocole s’étala de semaines en semaines, de mois en mois, puis d’années en années. Mais plus je subissais de blâmes, plus ces derniers duraient longtemps. D’un côté, j’apprenais à esquiver les coups lents et prévisibles de Beomos. De l’autre, je parvenais de plus en plus à canaliser la douleur et résistais à plus de ses coups. Bien sûr je me défendais comme un diable, mais mes griffes n’avaient que peu d’effets sur sa protection métallique intégrale. Je n’avais pas d’autre moyen pour passer mes nerfs que de d’attendre une ouverture dans sa garde pour le mettre à terre avant de finir irrémédiablement avec la gueule en sang.

Chaque semaine, je me devais de paraître capable de résister à ces séances de torture. Mais l’espoir qui m’animait mourrait avec chaque goutte de sang que je perdais. Un jour, je savais que je renoncerais, et cette vision du futur me terrifiait.

Ce jour, il arriva plus tôt que je ne l’aurais cru. Au terme d’un énième combat contre Beomos. Un combat au court duquel j’avais enfin réussi à lui retirer son casque et à lui entailler son visage déjà bien meurtri par des lames et d’autres objets tranchants. Il avait repris le dessus en me frappant le visage avec son casque contendant. La force du coup m’avait envoyé à terre et Aaron avait mis fin à la sanction. Il me fallut plusieurs secondes pour comprendre ce qu’il s’était passé, et le double de temps pour me remettre sur mes genoux. Le coup qui résonnait encore dans ma tête m’avait certainement rappelé à l’ordre. J’avais atteint mes limites. Alors que le sang-mêlé s’en allait, je pris la parole :

▬ Très bien, dis-je en crachant un mélange de salive et de sang. Mais à une seule condition.

Aaron se retourna, déconcerté. Il se rapprocha de la cage, gardant au mieux son flegme caractéristique malgré la nouvelle qu’il attendait depuis des années.

▬ Je t’écoute, hybride.

▬ Je suis en âge de passer le rituel. Laissez-moi le réaliser et vous aurez enfin ce que vous voulez. Un hybride loup à votre service.

Un sourire en coin naquit sur le visage de l’homme. Aussi loin qu’il s’en souvenait, c’était bien la première fois que je l’avais vouvoyé. Son étonnement fut vite remplacé par une myriade de questions.

▬ Pourquoi accepterais-je ? Le rituel vous est interdit, tu le sais aussi bien que moi.

Je me relevais en agrippant les barreaux avec toute la force que mon corps pouvait encore me donner et plongeais mon regard dans le sien. J’étais déterminer à passer le rituel, et je voulais qu’il le sache.

▬ Parce que vous n’auriez pas qu’un simple loup à montrer à vos invités, mais un vrai prédateur capable d’inspirer la crainte à celui qui vous en voudrait. Notre magie n’est pas offensive, vous n’aurez rien à craindre... Et tout à gagner.

▬ Et pourquoi ce revirement si soudain ? La semaine dernière, tu semblais encore pouvoir tenir une poignée d’années.

▬ Ni vous ni moi ne trouvons de terrain d’entente. J’erre dans cet endroit sordide depuis plusieurs années, sans pouvoir sortir. Je n’en peux plus, c’est tout. Je préfère encore vous servir que de moisir plus longtemps entre ces murs.

▬ Soit. Je m’occuperais de dégoter les babioles dont tu as besoin. Prépares-toi, d’ici la semaine prochaine, tu reverras le monde extérieur.

Il s’éloigna et referma la porte de la cave.

__________________________________________



Quatre jours plus tard, Aaron réapparu, seul. Il avait apporté tout ce dont j’avais besoin, à savoir les bougies et le bois noble pour y sculpter mon totem. J’avais obtenues quelques connaissances de la cérémonie lorsque j’étais dans les mines, mais je devais avouer qu’il en savait maintenant bien plus que moi. Lorsque je lui ai demandé ses sources, il me répondit qu’il connaissait des maîtres dont les esclaves étaient douées de magie hybride. Mais plutôt que de me compter l’aspect religieux derrière chaque acte, il m’indiqua plutôt la marche à suivre, sans plus de détails. Quand il eut fini, il me laissa livré à moi-même, une fois de plus.

Sans perdre d’avantage de temps, je pris le morceau de bois et sculptais grossièrement à coup de griffes la forme d’un animal quadrupède. Le matériau était dur, et chaque rabotage rendait le suivant plus douloureux. Pour façonner la tête, je pris le meilleur modèle qui me tomba sous la main. Je me penchai au-dessus de la bassine d’eau et me servi de mon reflet comme d’un patron. Ce fut bien la première fois que je réalisais un travail aussi méticuleux, au point où je n’avais pas vu le temps passer. En effet, lorsque je relevai la tête, j’aperçu l’orange du crépuscule au travers de la petite ouverture du mur qui faisait face à ma geôle. Cette nuit serait celle de mon élévation.

Je réunis les bougies qu’Aaron m’avait apporté. Même éteintes, les cylindres de cire blanchâtre dégageaient une odeur délicate et enivrante. Je les disposais de façon à former un cercle au milieu de ma cellule et les allumaient l’une après l’autre avec la seule source de lumière qui me restait, une mince chandelle, avant de l’éteindre à son tour. Tout était prêt. J’avançais à présent dans le halo de lumière. Serrant l’idole taillée dans ma paume, je me sentais étrangement calme, certainement envouté par la senteur dégagée des Lumineuses. Je m’assis en tailleur au centre de la cage et ferma les yeux, laissant mes autres sens prendre peu à peu le dessus. J’inhalais cette odeur de plus en plus étouffante tandis que mes oreilles dansaient de droite à gauche à chaque crépitement de flammes. Aveugle et concentré sur la plus petite sensation qui parcourait mon corps, j’avais perdu toute notion du temps. Étais-je assis depuis cinq minutes, une heure, une journée ? Avais-je échoué le rituel ? Je ne ressentais rien de particulier, et l’idée d’avoir perdu l’unique chance de posséder une magie me donna un frisson. Ce genre de frisson qui descend le long de la colonne vertébrale et qui ébouriffe le pelage lors de son passage. Inquiet, je serrai ma sculpture taillée dans un morceau d’ébène. Ou du moins, j’essayais de toutes mes forces car je n’étais plus capable de bouger les doigts, et encore moins le bras. L’effort me fit même tourner la tête, à moins que les bougies n’y aient leur rôle à jouer ? Réfléchir me provoquait un mal de crâne à s’en frapper contre un mur. J’avais de moins en moins le contrôle de mon corps, et le voyait lentement dévier vers le sol. Et ce que je redoutais arriva : il lâcha prise et s’écrasa par terre.

...

Étais-je mort ?

Si quelqu’un entrait dans mon antre à ce moment précis, il serait tenté de le croire. Il aurait vu un hybride en apparence inconscient, vautré au sol, les yeux fermés. Je n’avais pas la force de les rouvrir, ni de me relever. S’il me restait un sens à ce moment précis, c’était surement l’ouïe. Le léger crépitement qui parvenait jusqu’à mes longues oreilles me rassurait passablement. Cependant, il se fit rapidement supplanter par des claquements répétés. Des sabots, ici ? Je n’avais pas connaissance d’un hybride équidé dans la demeure ou j’étais enfermé. J’allais lui hurler toute la bêtise qu’il venait de faire en entrant ici pendant mon rituel, mais il me prit de court.

▬ Ne t’abaisse pas à me crier dessus, je ne suis pas ce que tu penses. Ouvre plutôt les yeux et fais-toi ta propre idée.

Inconsciemment, je m’exécutai, alors que je savais pertinemment que je ne pouvais pas les ouvrir. Et pourtant, cette fois ci, la lumière des bougies eut tôt fait de m’éblouir. Il me fallut quelques secondes pour me réhabituer, mais je ne pouvais toujours pas bouger d’un poil, ni même mettre un visage sur la voix qui m’avait parlé puisqu’elle provenait de mon angle mort. Sur cette constatation, le bruit des sabots reprit et je pu enfin poser mon regard bancal sur lui. Un cerf. Un immense cerf dont la carrure n’avait rien à envier à un cheval. Il possédait une robe blanche, mais son corps entier paraissait vaporeux, voir immatériel. Une vision séraphique. Un esprit. Lorsque j’eus compris ce qu’il était et comment il parvenait à comprendre ce que je pensais, le cervidé parla.

▬ J’ai déjà pris soin de sonder tes souvenirs, loup. Tu es fier d’être ce que tu es. En ces temps sombre pour les hybrides, tu ne courbes pas l’échine et fais honneur à ta part animale. Tu es amené à pouvoir faire de grandes choses, si tant est que tu parviennes à te libérer de tes chaînes autant physiques que morales. Je ne peux rien faire pour les premières, mais je peux t’apporter mon aide pour briser les secondes.

Sitôt dit, il fit rouler mon corps sur le dos à l’aide de sa grande patte et la posa doucement sur mon torse. Bien qu’à mon humble avis il n’avait nullement l’intention de m’écraser, je sentis une vive douleur sous son sabot. Plus précisément au niveau de mes entrailles, comme si elles souhaitaient s’échapper de cette prison osseuse qu’étaient mes côtes. Alors que la douleur s’intensifiait, j’aperçus une main griffue aussi transparente que l’esprit sortir de mon poitrail et attraper la patte du cervidé. De là, j’eus certainement ma première réaction normale de la soirée. Je m’évanouis.

Ou du moins, j’eus l’impression. Je repris tant bien que mal mes esprits, encore sonné par le choc de cette vision fantomatique s’extirpant de mon corps. Ce dernier, d’ailleurs, je l’aperçu au sol après un rapide coup d’œil. Étais-je...

▬ Intrigant, n’est-ce pas ?, lança l’esprit pour me couper en pleine réflexion. C’est bien ton enveloppe charnelle qui est étalée devant toi. Et avant que tu ne me poses la question, nous somme à présent de la même nature. Des esprits, ajouta-t-il en notant mon air abasourdi. Et en tant que tel, tu te vois dans la possibilité de posséder n’importe quel être vivant, à quelques exceptions près. C’est là le don que je t’offre pour avoir réussi ton rituel. Fais-en ce que bon te semble.

Tandis qu’il parlait, je n’avais pu m’empêcher de voir à quoi je ressemblais. Posant mon regard sur ma main, j’eus une sensation de déjà-vu. Elle avait la forme de celle de mon corps physique, mais la transparence du cerf blanc. Cette transparence s’appliquait sur l’ensemble ce que j’étais devenu. Le cervidé avait arrêté de parler pour me laisser contempler ma forme spirituelle. Il reprit sitôt que j’eus fini.

▬ Il te suffira d’entrer en contact avec quelqu’un pour prendre contrôle de son propre corps. Son esprit te cèdera sa place le temps de la possession et reprendra ses droits lorsque tu quitteras ledit possédé. Je te conseille cependant de ne pas trop tarder pour regagner ton corps, qui sait ce qui pourrait lui arriver.

Il avait raison. Quitter mon corps dans un endroit fourmillant d’activités ne serais pas très judicieux. Cela nécessiterait que je doive le cacher, ou le transporter avec moi. Cette magie avait des avantages certains, mais ses inconvénients n’étaient pas moins handicapants.

Ma part du contrat est terminée. Je n’ai rien de plus à t’apprendre que l’entrainement ne pourrait pas te dévoiler. Fais bon usage de mon présent, loup.

A ses mots, sa silhouette se désagrégea délicatement, comme soufflée par une brise légère. En une poignée de secondes, il ne resta plus qu’une vingtaine de volutes vaporeuses virevoltantes. De mon côté, je regagnais l’autre moitié de mon être, encore endormi dans cette cage poussiéreuse. Me rapprochant pour examiner mon état, je notais un mouvement de va et vient provenant de mon torse. Je respirais. Ou bien ‘il’ respirait ? Cette question métaphysique me taraudait, mais allait devoir attendre. Je n’avais aucunement envie de me voir mourir pendant que je réfléchissais là-dessus. Sans vraiment savoir comment procéder, je devais retrouver possession de mon corps physique. Chose que je fis accidentellement en effleurant mon buste pour y chercher un pouls. Je fus alors happé et repris connaissance dans ma chair. Une multitude de sensations me revinrent subitement.

La faim, le froid, la douleur d’un alitement prolongé sur la pierre, l’aveuglement provoqué par le filet de lumière qui traversait la pièce. C’était déjà le matin. Sans perdre d’avantage de temps à me plaindre, je me relevai et saisi l’idole qui avait roulé près de la seule Lumineuses encore allumée. M’approchant doucement pour ne pas faire vaciller la frêle flamme, je plaçai ma sculpture juste au-dessus et laissai le feu lécher l’ébène. Après un énième passage, une braise vint se coller au bois et crépita pour ne plus s’en décrocher. Enfin. Enfin je m’autorisais à pouvoir de nouveau parler. Il me fallait prononcer un mot. Un mot qui me définisse. Un mot pouvant me décrire, moi qui était dorénavant doué d’une magie capable de briser mes liens physiques. Je n’eus pas à chercher bien longtemps. Alors que l’idole en bois se consumait petit à petit, je m’en rapprochais de façon à lui susurrer mon premier mot en temps qu’adulte, jusqu’à sentir sa chaleur irradiante sur mon visage. Un murmure vint enfin briser le silence. Une messe-basse qui résonna étonnamment longtemps à mes oreilles.

Libre...


__________________________________________



La porte de la cave s’ouvrit à nouveau cette semaine, prouvant que le sang mêlé n’avait pas l’attention d’attendre d’avantage. Il s’avançait, encore et toujours accompagné de sa brute personnelle, bien qu’on notait un pas plus enclin qu’à l’accoutumé.

▬ Zayev. Je vois que les bougies et le morceau de bois t’ont servis. Je suis venu chercher ce que tu m’as promis il y a cinq jours. Ta servitude totale. Tu te souviens de notre pacte ?

▬ Je m’en souviens très bien. Mais je me vois dans l’obligation de refuser. lui répondis-je poliment.

▬ QUOI ?! hurla-t-il au point de faire sursauter Beomos. Fils de chien, tu n’as donc aucun honneur ?

▬ N’as-tu jamais appris à ne pas faire confiance à quelqu’un qui n’a plus rien à perdre, Aaron ? Je te pensais plus perspicace à force de côtoyer d’autres esclaves.

▬ Je me contre-fiche des autres esclaves ! Je t’ai choisi, acheté, et sorti de ces mines puantes dans lesquelles tu pourrissais. Je t’ai sauvé la vie !

▬ Pour me placer dans une cellule et me frapper jusqu’à ce que je change d’avis ? C’est toi qu’on devrait retrouver derrière les barreaux. Cependant, j’ai aussi une bonne nouvelle pour toi : je ne t’ai pas totalement menti l’autre fois.

▬ Que veux-tu dire ?

▬ Je n’en peux plus de rester ici. Je vais donc sortir de moi-même. lui dis-je en le gratifiant d’un grand sourire narquois.

▬ Hors de question. Je ne voulais pas en arriver là, mais tu me force la main, hybride. Tu as suffisamment abusé de ma patience. Dit-il en reculant de quelques pas pour éviter toute gerbe de sang à venir.
Quand le cheval refuse d’obtempérer, on l’abat. Beomos, achève cette pauvre bête. ponctua-t-il d’un claquement de doigt.

L’homme de main avait réagi au son et, toujours dans son armure d’acier, entra dans la cage. Cette fois-ci, l’enjeu n’était plus d’encaisser, mais de survivre. Il referma la cage derrière lui à clef, et se mit en garde. Ce combat, je l’avais travaillé pendant deux longues années. Je connaissais mon ennemi aussi bien que moi. Chaque pose, chaque mouvement, chaque grognement, je l’avais déjà vu, compris et entendu. Je surveillais l’humain en attendant sa première attaque. Pied gauche en avant, buste rentré vers la droite, il allait me porter une gauche au visage. Je me décalai rapidement sur son flanc gauche en reculant la tête pour éviter son poing massif. Ainsi positionné, je n’eus aucune peine à lui porter un coup vif sous l’aisselle, endroit dénué de protections métalliques. Zone déjà sensible en temps normal, mes griffes n’avait certainement pas atténué la douleur. Beomos en avait fait l’amer découverte et se tenait la partie concernée, paralysé et sans défense. C’était le meilleur moment pour user de ce nouveau don. Je m’approchais lentement de l’humain, tout en gratifiant Aaron d’un sourire menaçant. Je saisi l’un de ses bras en priant que ma magie puisse me sortir de ce mauvais pas, et ferma machinalement les yeux. Pendant un bref instant, je ne ressentis plus rien. Sensation à la fois agréable et déroutante lorsqu’elle advient au court d’un combat. Puis, à l’instar d’un réveil brutal, un bruit sourd retenti et me décida à rouvrir les yeux. La cause ? Mon corps d’hybride était de nouveau étalé au sol, inconscient. Mon point de vue, en revanche, n’était pas celui d’un esprit, mais de l’humain que j’avais comme adversaire. Je ressentais ce qu’il avait ressenti. Le poids de son armure, la fatigue, l’affreuse douleur sous mon bras. Je mis un certain temps pour m’habituer à ce changement drastique de morphologie. Lorsque j’eus fini mon adaptation, je me tournai vers Aaron dont l’incompréhension remplissait ses yeux. J’attrapai d’une main mon corps sans vie et le posa sur cette épaule robuste empruntée. De l’autre, je fouillais en deçà de ma cotte de maille et tirai le collier d’où une clef pendait. Alors que j’ouvrais pour la première fois la grille de ma cage, le sang mêlé s’interposa, lame pointée vers mon cou.

▬ Zayev ! s’exclama-t-il. Je ne sais pas comment tu manipules Beomos, mais je ne vais pas te laisser filer comme ça !

▬ Si tu oses me frapper avec cette épée ridicule, je te défoncerais le crâne à coup de poing. C’était bien la première fois que j’étais content que Beomos porte cette armure. Dans cet endroit exigu, j’avais l’avantage si je décidais de charger sur mon ennemi. Mais à l’heure actuelle, je n’avais d’autres pensées que de sortir d’ici. D’un revers de ma main gantelée, je frappai le plat de sa lame et me dirigea vers la sortie de la grande demeure. Aaron ne savait pas comment m’arrêter par la force et tentait en dernier recours de m’intimider.

▬ A la seconde ou tu franchiras les limites de mon domaine, des dizaines de mercenaire te traqueront jour et nuit pour te ramener à moi ! Je te laisse une dernière chance de rebrousser chemin !

▬ Ne t’en fais pas, je reviendrai. répondis-je calmement. Je compte bien m’occuper de toi de mes propres mains et non par l’intermédiaire de tes sous-fifres. Je relâcherais mon emprise sur ton molosse ce soir. S’il ne revient pas, considère-le comme mort.

▬ Zayev ! Reviens ! Tu m’appartiens, tu m’entends ?! Je suis ton maître ! criait-il à en cracher ses poumons.

Prenant sur moi pour ne pas lui coller mon poing sur la figure, je fis mine de l’ignorer tout en me dirigeant vers la sortie. Arrivé sur le perron de son manoir, le regard perdu et l’esprit assailli de pensées sur ma nouvelle vie de fugitif, je lui adressai une dernière fois la parole.

▬ Va te faire, Maître.
 

Le carnet d'un assassin.

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