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 Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]

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Dragnis
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Dragnis

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MessageSujet: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Mer 8 Jan - 14:45

Vingt ans. Vingt ans déjà, ne cessent de dire les Anciens. Vingt ans enfin, répliqué-je à chaque fois en moi-même. Ils s'inquiètent déjà bien assez pour moi, inutile de leur rappeler davantage que je suis « trop curieuse » et « empressée » pour mon propre bien d'après leurs critères. Le fait est qu'il y a des années que je rêve de partir à la découverte de ce monde dont les histoires m'ont bercée depuis ma plus tendre enfance. Et demain, enfin, je vais pouvoir aller le parcourir !

Assise au bord de l'immense plate-forme d'atterrissage au sommet de la Citadelle, je contemple au loin le chemin escarpé qui parcourt la Trachée Blanche, seul lien entre nous et le reste du monde. Et seul aperçu de l'extérieur que j'aie jamais eu. En dehors de là où mes rêves et mon imagination m'ont menée après avoir écouté les leçons et histoires des Anciens.

C'est plutôt inquiétant, quelque part, cette plongée dans l'inconnu. L'idée d'être lâchée seule dans un monde dont je ne sais rien, ou si peu, après avoir passé toute ma vie cloîtrée entre ces murs, entourée par mes semblables, ma famille. Pourtant, ce n'est pas la peur qui fait trembler mes mains posées sur mes genoux, mais bien l'excitation et l'impatience. Je n'en peux plus d'attendre d'être à demain !

J'ai l'impression que ma vie est tout juste sur le point de commencer. Comme si les vingt années écoulées jusqu'ici n'étaient qu'un prélude, une introduction n'ayant pour seul but que de me conduire à ce moment où je partirais. J'aime cet endroit pourtant, et ceux qui l'habitent évidemment. Et je sais bien que ce départ ne sera que temporaire, que le voyage que je suis sur le point d'entreprendre ne sera qu'une bien courte parenthèse dans la longue vie qui m'attend.

Mais je sais aussi, déjà, que quel que soit le temps qu'il me faudra pour trouver mon Âme-Soeur, je ne rentrerai pas immédiatement après, comme certains choisissent de le faire. Je veux profiter autant que possible de cette seule chance qui me sera donnée de voir la vie à l'extérieur de la Citadelle, d'en apprendre plus sur le monde et sur toutes les créatures fascinantes qui le peuplent.

Pour l'instant, bien sûr, je me contente de rêver de tout ça en contemplant l'horizon, en attendant que, bientôt, très bientôt, le rêve devienne réalité. Je verrai de mes propres yeux ce que j'ai entendu de la bouche des Anciens. Et je ne regarderai plus les Dragons consteller le ciel avec le pincement au cœur que je ressens en ce moment quand j'aurai trouvé celui qui m'attend, à qui je suis liée depuis ma naissance.

Les dragons, d'ailleurs, sont presque tous rentrés désormais. La nuit commence à tomber. La plate-forme est calme. Je me retrouve seule pendant un instant, toujours occupée à contempler l'horizon qui m'attend, qui m'appelle. Mais, comme toujours ici, la solitude ne dure pas très longtemps. Déjà, j'entends des pas monter l'escalier, s'approcher. Discrets, comme leur propriétaire, que je n'ai pas besoin de me retourner pour reconnaître.

Un sourire étire mes lèvres, mais je ne bouge pas de mon poste d'observation. J'ai envie de le laisser venir vers moi, pour une fois. Après tout, bientôt je ne serai plus là pour lui sauter dessus et l'empêcher de rester seul dans son coin. Il serait temps qu'il apprenne à faire le premier pas et à s'ouvrir un peu...

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Mer 8 Jan - 15:37

Les Anciens ont toujours de très sages adages sur le passage du temps, bien que la plupart d'entre eux aient oublié depuis bien longtemps ce que c'était de sentir son corps changer, à défaut de son esprit. Aucun ressentiment de ma part quant à cette constatation. Je ne crois pas. Peut-être. J'ai beaucoup de difficultés, ces derniers temps, à faire le tri entre mes pensées et mes sentiments. Trop d'impressions, trop de contradictions. Trop de tentations, également. Les Dragons vont et viennent. Les départs, les premiers, ont eu lieu peu de saisons auparavant. Désir croissant de partir à mon tour, qui me fait me sentir trop grand pour ma peau. Et trop petit pour le monde.

Mélange confus, encore, pour ceux qui partent. Envie, bien entendu, joie pour eux, parce qu'ils rejoignent la Quête et franchissent le premier pas qui les mènera vers leur Âme-Soeur, notre but ultime. Regret, un peu, parce que je les perds de vue, pour un temps incertain. Les Anciens, comme je disais, ou plutôt comme je pensais, ont oublié que le passage du temps n'est pas encore anodin, à notre âge. A mon âge. Mais en pensant à la journée du lendemain, je ne peux m'empêcher de ressentir autre chose. Tristesse, peut-être, à l'idée de ne plus avoir ici que des connaissance qui ne me sauteront pas dessus, et qui ne me souriront pas avec le même enthousiaste, la même joie. Un soupir m'échappe. Un grognement. Ma voix a mué il y a peu, avec beaucoup de retard, par rapport aux autres. Un grondement bas, si mal adapté à ma silhouette moyenne, à mes longs cheveux acier en bataille, à mon silence habituel, à mes manières effacées. A mon absence supposée d'intelligence et de brillance. Mes paupières se ferment quelques secondes sur mes prunelles rougeoyantes. Une étincelle d'amusement, peut-être, me traverse.

Elle ne dure pas longtemps, et alors que mon souffle termine de s'échapper, je sais que rien ne se reflète sur mon visage. Certains Anciens ne manquent jamais de me faire remarquer que je devrais cesser d'être continuellement de mauvaise humeur. Je suis presque navré, parfois, que ma tête ne leur convienne pas. Mais le sentiment passe vite, comme tous les autres, fondant comme neige au soleil. Je ne suis plus aussi adepte de l'introspection désormais. Je n'y pense pas. Je n'essaie plus. Pas d'illusions, peu de sentiments. De l'observation froide. Je m'y efforce avec toujours plus de vigueur. Avec l'obstination qui est probablement mon seul trait distinctif.

Le brossage des bassins aide à se vider l'esprit. Les vapeurs qui s'enroulent autour de mon corps, l'eau qui m'aveugle et s'accroche à mes cheveux attachés en catogan alors que je frotte avec acharnement le fond d'une des cuves naturelles. J'ai perdu le compte du temps qui passe, comme toujours quand je ne suis pas à l'extérieur. Probablement un signe positif. Il me paraîtra moins long quand observer son déroulement sera la seule activité à laquelle je pourrai me consacrer. Mais pas encore. Un jour peut-être. Un jour j'espère. Probablement...

Je secoue la tête, projetant des gouttes un peu partout alentours, avant de me rendre compte que ma tâche est achevée. Je m'extirpe de l'eau avant de me sécher rapidement, sans m'attarder, et de remettre mes vêtements. Je dépose les brosses à l'endroit habituel, puis gravis les escaliers mécaniquement. Je suis resté enfermé longtemps, je n'ai qu'une envie, respirer l'air frais de la Montagne. Celui qui brûle les poumons et la gorge. Celui dont je peux ressentir la pureté sur le fond de ma langue. Je décroche une cape avant de sortir et d'escalader l'escalier extérieur. J'observe l'horizon qui s'obscurcit sous les nuances d'orange et de rouge. Les marches arpentées des milliers de fois ne me posent aucun problème. Mon manque de prudence me perdra peut-être, un jour, mais pas encore. Pas ce soir.

Je sens l'eau encore tiède dégouliner le long de mon dos alors que j'observe, quelques secondes, la silhouette que je ne m'attendais pas à voir. Ou si. Je reste figé, mais le froid me saisit et je repars. Je m'approche. Aucune démonstration d'enthousiasme, cette fois. Je me demande ce qui se passe. L'empathie... Non, aucune chance que je devine ce qui se trame derrière ces yeux violets. Je n'ai pas pour habitude de m'imposer. C'est une bonne et une mauvaise chose, paraît-il. Selon moi, c'est, tout simplement. Mais j'ai envie de savoir. C'est illogique. Probablement pas bienséant non plus. Je devrais la laisser. Cependant, je réalise que c'est certainement ma dernière occasion de la revoir avant un temps incertain, indéterminé, mais inéluctablement long. Le Destin ne nous dit jamais à l'avance combien d'années la Quête nous prendra. Ou si nos routes se recroiseront. Après tout, le Destin gère des milliers, des dizaines de milliers, de petits destins, et certains s'interrompent brutalement, sans notice.

Alors je fais un nouveau pas en avant, mes pieds nus laissant encore de petites empreintes humides. Et je m'assieds à côté d'elle, les genoux relevés, le menton posé dessus. Et le grondement surprenant qu'est devenue ma voix depuis peu brise la quiétude silencieuse des Montagnes, dans laquelle je distingue à peine les derniers battements d'ailes des Âmes-Sœurs rejoignant leur caverne. Et malgré le feu qu'elle évoque dans mon esprit, elle est aussi glacée que les ombres bleues sur la neige:

"Je ne pensais pas que tu serais là. Tu pars demain, n'est-ce pas? C'est..."

Bien? Évidemment que ça l'est. Découvrir le monde d'en-bas, chercher la deuxième partie de soi-même. Le pincement croissant du vide au centre de mon être me rappelle que j'ai hâte de partir en Quête à mon tour. Ce ne peut être que cela, de toute façon. Alors je termine ma phrase de la seule façon possible, en toute honnêteté.

"...Normal."

Je prends la peine de plier la cape. Je n'ai pas froid, pas encore, malgré les gouttelettes qui s'accrochent encore sur ma peau. Plus tard, peut-être. Quand je serai seul. Encore.

Dragnis
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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Mer 8 Jan - 17:35

Les pas s'arrêtent, et je me retrouve à tendre l'oreille pour guetter la suite des événements. Viendra, viendra pas ? Lui-même ne doit pas encore le savoir. Il hésite, je suppose. Situation inhabituelle, pour lui, j'en ai bien conscience. Difficile aussi, probablement. Pourtant j'espère quand même qu'il va faire l'effort de venir de lui-même, pour une fois. Ça me ferait plaisir, je crois. C'est peut-être idiot. Je le sais capable de rester planter là sans rien dire jusqu'à ce que le jour se lève. Ou de simplement repartir comme il est venu.

Je ne le laisserais pas faire, évidemment, je le retiendrais si on en arrive là. Je ne vais pas laisser ce qui risque d'être ma dernière chance de lui dire au revoir proprement. Mais on n'en est pas là, pour le moment je me contente d'attendre. Nouveau bruit de pas. Nouvel arrêt. Avancée saccadée. Je le laisse prendre son temps. Maintenant qu'il est arrivé jusque là, je lui fais confiance pour réussir à aller jusqu'au bout.

Et effectivement, quelques instants plus tard, il se retrouve assis à côté de moi, prend même la peine de prendre la parole en premier. J'apprécie l'effort à sa juste valeur, même si la conclusion de sa réplique me prend tellement au dépourvu que je laisse échapper un petit gloussement. Normal, vraiment ? C'est vrai que ça l'est, au fond, mais je m'étais attendue à quelque chose de plus... engagé, dans un sens ou dans l'autre. Mais évidemment je n'aurais pas dû, venant de lui.

Je pousse légèrement son épaule de la mienne, comme je le fais souvent quand je me sens d'humeur à le taquiner, avant de répliquer, d'une voix qui paraît fluette après le son grave et bas de la sienne, à laquelle je ne me suis pas encore tout à fait habituée.

Je vais te manquer au moins ?

Je pose la question sur le ton de la plaisanterie, mais je me rends compte qu'au fond j'espère que oui. Ce qui me paraît étrange. Pourquoi souhaiter ce sentiment à quelqu'un, alors qu'il n'a rien d'agréable ? Je le sais, comme je sais déjà que lui me manquera. Et les autres aussi, évidemment. Je laisse la question de côté, et passe à un autre sujet, entre autres raisons pour lui épargner d'avoir à répondre. Je voulais le taquiner, mais pas l'embarrasser.

Tu devrais savoir que je suis toujours là où tu ne m'attends pas.

Je parle en souriant, d'un air amusé, comme d'habitude. Comme si tout était normal. J'essaye de faire comme si de rien n'était, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression qu'une ombre plane sur la discussion. On sait bien, tous les deux, qu'il ne s'agit pas d'une discussion ordinaire, d'un jour ordinaire. Demain je serai partie, et qui sait que je le reverrai, lui ou les autres ?

Alors je laisse glisser mon regard vers l'horizon à nouveau, et mon sourire s'efface doucement, ne laissant que la lueur qui brille dans mon regard. Cette fois, je ne pense plus à moi et à ce que je vais vivre, mais à lui. Petit garçon renfermé et solitaire. Encore que... On ne peut pas vraiment dire que ce soit encore un petit garçon. Il grandit lui aussi, même s'il m'a fallu un certain temps pour m'en rendre compte. Ce qui ne m'empêche pas de continuer à m'inquiéter pour lui.

Ce que j'essaye de ne pas - trop - montrer quand je lui lance un regard en coin et que je demande, en essayant de donner à la question l'air de mes taquineries habituelles :

Tu vas avoir la paix pendant un moment, sans moi pour te harceler et t'obliger à discuter. J'espère que tu ne vas pas en profiter pour trop rester dans ton coin sans parler à personne. Je m'en vais, mais c'est pas une excuse pour rester tout seul...

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Mer 8 Jan - 19:01

Elle tape mon épaule de la sienne, quand je parle. Scène ordinaire. Véritablement. Peu de gens s'y essaient, mais je me demande si elle se rend compte du point auquel ça me paraît étrange. Inhabituel, plutôt. Je ne dirais pas que les Dragnis sont un peuple froid, non. Mais comme les Anciens disent que je suis toujours énervé, ils ne font que très rarement l'effort conscient de me toucher. Ou inconscient. Et cette familiarité quotidienne, cette pression attendue sur mon bras, fait partie de ma vie depuis longtemps, et la place dans un lieu un peu à part. Un lieu mental. Affectif? Peut-être. Je ne m'étais jamais rendu compte que la carte mentale que je me faisais de la Citadelle et de ses habitants ne les plaçait pas tous au même niveau. C'est bien entendu une idée à approfondir. La constitution de cartes mentales, d'un château de la pensée, fait partie mon fonctionnement.

J'ai l'impression d'avoir choisi les mauvais mots, comme d'habitude. Je retombe dans un schéma plus habituel. J'apprends aussi, petit à petit. J'aurais certainement dû me taire, comme avec les autres. Mais... Non, aucun mais. Un demi-soupir m'échappe alors que je tourne la tête vers elle, la joue posée sur mes genoux, mes prunelles orangées reflétant la lointaine lueur des torches entourant la plate-forme. Elle ne m'a pas répondu. Ou plutôt si, mais par une autre question. Elle est très forte pour ça. Les choses vont souvent comme elle l'entend. Un don d'une autre sorte, qui n'a rien à voir avec notre race ou avec la magie. Certains appellent ça le charisme, je crois. Et les Dragnis, pour les habitants d'en-bas, sont des créatures charismatiques. Quelque chose se détend, quelque part en moi. Je n'avais pas conscience de cette crispation. Ce n'est pas comme si je m'inquiétais pour elle.

Alors, parce qu'elle me l'a demandé, je réfléchis. Le manque. C'est un concept à part entière. Une manifestation presque physique d'une chose totalement immatérielle, et probablement inconcevable en tant que tel. Et surtout, cela demande une projection dans le futur. Un futur proche, bien sûr. Mais cela reste un travail d'imagination. L'idée de ne plus entendre cette voix fluette, de ne plus me faire sauter dessus dès le matin. Je me rends compte que j'ai lâché la cape, pendant ma réflexion. Un très léger froncement de sourcils perturbe la calme immobilité de mon visage, avant que je décide de la laisser là. Jusqu'à ce qu'une soudaine bourrasque de vent ne tente de la faire s'envoler. Elle se fige en plein vol, immobilisée, comme son ombre épinglée à la surface de pierre.

Je la fixe, détournant un peu la tête de celle assise à mon côté. L'air glacé sur ma nuque humide fait se hérisser mes écailles. Je n'aurais pas besoin de me lever pour la ramener, mais juste pour me prouver que j'y arrive, je la maintiens comme ça. En l'air. J'ai presque l'impression qu'elle danse, tant le tissu en plein déploiement semble incongru dans la lueur instable des flammes. Finalement, ça n'a aucun rapport, mais je crois bien que je hoche la tête, très légèrement. Peut-être bien qu'elle me manquera, oui. Mais je me demande si c'est elle ou les interactions que nous avons qui me manqueront. J'hésite à le lui expliquer, mais elle reprend déjà la parole. J'ai presque acquiescé à l'affirmation comme à la question. Puis, enfin, je tends le bras et capture le tissu entre mes doigts, avant de relâcher le lien qui maintenait son ombre en place. L'effort ne m'a pas coûté. Je deviens définitivement meilleur qu'avant.

Demain, je ne l'attendrai plus. La réalité. Dans tout ce qu'elle a de moins agréable, de moins enthousiasmant, de moins joli. Je n'imagine pas, je n'attends pas. Rien, personne. Comme si elle n'avait jamais existé dans la Citadelle. Mais je saurai. C'est un problème. Une erreur, en quelque sorte. Je n'ai pas envie d'y réfléchir, parce qu'elle encore là, et que c'est d'autant plus perturbant. Je ramène la cape et recommence à la plier, sans la regarder. La peau de mes doigts est encore fripée et s'accroche au tissu de façon désagréable. Je m'interromps quand elle parle à nouveau. Avoir la paix? Je ne sais pas. Pas vraiment. Je lui glisse un regard en coin, les paupières légèrement plissées. Presque un sourire. Elle fera une bonne Ancienne, je crois...

"Je réponds quand les gens me parlent, tu sais... C'est la politesse élémentaire qui nous est inculquée par les Anciens. Tu le saurais si tu avais été plus attentive en cours. Et..."

Ma voix n'est pas plus chaleureuse qu'avant. J'ai encore du mal à moduler cette nouvelle voix qui s'échappe de mes lèvres. Je coince la cape sous mon pied avant de désigner la Citadelle d'un large geste du bras, avant de reprendre:

"...Personne n'est jamais seul dans la Tour. Ni oisif, d'ailleurs..."

Presque. J'ai presque réussi à faire transparaître mon exaspération. Celle qui me prend, parfois, quand je ne peux pas passer autant de temps que je le souhaiterais sur la plate-forme, à observer le ballet incessant des Dragons dans le ciel d'un bleu presque douloureux. Quand je suis forcé d'aller aider aux cuisines, ou pour carder la laine. Je repousse distraitement les mèches dégoulinantes qui me tombent sur le front, qui se collent sur mes pommettes. J'entrelace mes doigts avant de la regarder à nouveau.

"Dans le monde d'En-Bas, c'est différent. Des choses nouvelles, des règles nouvelles. Cela demandera du travail de tout apprendre, de tout comprendre."

Et elle sera seule. Sans Dragon pour veiller sur elle. Sans Dragnis pour la comprendre. Oui, seule...

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Mer 8 Jan - 20:47

Je remarque son hochement de tête, sans trop savoir s'il répond à ma remarque ou à ma question. Par défaut, j'opte pour "un peu des deux". J'aime choisir de comprendre ce qui me plaît, parfois. Ce qui agace les Anciens au plus haut point. Mais de toute façon, ils ne sont pas là, ils ne peuvent donc rien y redire. D'ailleurs ils ne pourront rien redire à quoi que ce soit me concernant pendant un certain temps, ce qui me semble un avantage non-négligeable à mon départ.

Je remarque, aussi, ses paupières plissées quand il me répond. Ça peut n'avoir pas l'air de grand chose, mais venant de lui, c'est déjà beaucoup. Tout comme la petite pique qu'il me lance, qui me tire un nouveau gloussement. Je crois bien que c'est la première fois qu'il se prend à me renvoyer mes taquineries. Comme quoi tout n'est pas perdu, j'aurai au moins réussi à avoir un tant soit peu de bonne influence sur lui.

Mais suivre les leçons est beaucoup moins amusant que d'empêcher les autres d'écouter !

Quand il reprend la parole, je retrouve à nouveau un air plus sérieux. Il y avait quelque chose de différent dans sa voix. À peine perceptible, juste assez pour que je remarque que c'était autre chose que son ton purement monocorde habituel. Ce n'est sans doute que parce que je le connais aussi bien que j'arrive à deviner ce qu'il a en tête. Sa frustration de ne pas pouvoir passer son temps à admirer les Dragons voler. Assez proche, au fond, de celle que j'ai ressenti si longtemps, et qui prendra fin dès demain. Alors je pose ma tête sur son épaule, brièvement, simplement pour lui dire que je comprends.

On peut être seul même au milieu d'autres personnes...

Les mots m'ont échappé, sans vraiment que je m'en rende compte, avant que je ne relève la tête. Comme une remarque faite à moi-même plus qu'à lui. Je ne suis même pas sure d'avoir parlé assez fort pour qu'il entende. C'est une sensation que j'ai eu, quelques fois. Je me demande si lui aussi. Peut-être pas. Il est bien plus solitaire que moi de nature. Peut-être que pour lui ça ne fait aucune différence. Peut-être qu'effectivement, il sera mieux quand je ne serai plus là pour envahir son espace.

Je chasse ces questions de mon esprit quand il reprend la parole. Nouveau sujet. Ou sujet précédent, peut-être. Le monde d'En-Bas. Un sourire revient sur mon visage, je regarde à nouveau l'horizon. Ou du moins, j'essaie de percer les ténèbres qui sont en train de s'installer. Peu importe si je ne vois pas le chemin, je peux toujours imaginer. Et demain, je le parcourrai.

Différent, oui... C'est ça qui le rend si passionnant.

Je me demande s'il s'inquiète pour moi. Il n'en a pas l'air, mais ça ne veut pas dire grand chose, avec lui. Je ferais sans doute bien de m’inquiéter pour moi-même, moi aussi, mais à la place je me demande comment ce sera pour lui, quand ce sera son tour. Mais il a encore trois ans avant ça, après tout. C'est long, malgré ce que peuvent en dire les Anciens qui ne voient plus le temps passer. Il aura peut-être changé, d'ici là. Quant à moi, je ne serai probablement pas encore rentrée... Pourtant, ce n'est pas de ça que je parle quand je reprends la parole, le sourire de nouveau enfuit, l'air sérieux.

Les Anciens ne sont pas très rassurés, à propos de moi. Ils me trouvent trop impatiente de partir. Trop... "impliquée" à propos de ce monde que je n'ai même pas encore vu. Ils ne me l'ont pas dit en face, évidemment, mais je crois qu'ils craignent que je ne me montre pas suffisamment... réservée, une fois là-bas. Que je m'investisse trop.

Je laisse quelques secondes de silence s'installer avant de me tourner vers lui et de conclure :

Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Jeu 9 Jan - 0:45

Le luxe d'une conversation normale. J'ai entendu cette expression, une fois. J'ignore ce qu'ils entendaient par "normal". Une conversation est une conversation. Confusément, pourtant, je comprends que c'est ce genre d'échange. Quelque chose de fluide et de naturel. Quelque chose d'indispensable, peut-être? Non... Peu de choses le sont, pour un Dragnis. Mais peut-être est-ce qu'ils entendaient par "luxe". Quelque chose de rare, voire d'unique. De précieux. Une chose à chérir et à conserver, dont il faut prendre soin. Une chose qu'on ne retrouvera peut-être jamais.

C'est une chose que je comprends. Le fait qu'un instant ne se reproduira jamais. Et que la relation entre deux personnes n'est jamais la même à deux moments différents dans le temps. Parce que les choix influent sur le Destin, mais ils influent sur les gens, également. Sur leur personnalité. Sur leur façon de voir les choses, d'agir, de comprendre, d'interpréter. Encore une chose fort volatile, l'interprétation. Je m'y risque rarement. Une grande partie de ce qui me rend stupide aux yeux de mes congénères. Mais peu importe. Je n'ai pas beaucoup d'efforts à fournir, avec elle. C'est à la fois reposant et un peu... dérangeant. Comme si elle me comprenait vraiment. Comme seule mon Âme-Sœur est censée le faire.

Un léger frisson me parcourt, et je déplie la cape que j'ai mis si longtemps à plier pour la draper sur mes épaules et, après réflexion, sur les siennes également. Je fais l'effort conscient de ne pas la toucher après avoir senti que mes doigts étaient toujours humides. Le problème des températures basses. L'eau avait des difficultés à s'évaporer, et les nuits, en plus d'être fraîches, étaient rarement sèches. Par réflexe, je me passe une main dans les cheveux, ce qui n'arrange pas mon cas, mais me permet au moins de me dégager le visage. Mes mèches grises se dressent probablement, gorgées de liquide, dans une position instable.

J'ai à peine eu le temps de réaliser qu'elle avait posé sa tête sur mon épaule. Je la fixe. Je l'ai déjà dit, je n'interprète pas. Et pourtant, j'ai véritablement l'impression que quelque chose m'échappe. Qu'elle ne parle pas que de moi, pas que d'elle, pas que de la Citadelle. Je ne sais pas. Mais je comprends ce qu'elle veut dire, en un sens. On peut se sentir à part. On peut ne pas se mélanger. Ne pas se fondre. Et personne ne peut empêcher cela. Comme une pièce qui se serait retrouvée dans le mauvais casse-tête. Il faut trouver sa place.

Mes sourcils se froncent véritablement quand je note son sérieux, quand j'écoute ses paroles. Trop enthousiaste. Elle l'est, sans doute aucun. Quoique "trop" soit un jugement de valeur que je ne m'accorde pas. Plus que la moyenne des Anciens, pour sûr. Curieuse, très certainement. Il aura au moins fallu ça et son obstination pour me forcer à lui parler d'autre chose que des Grandes Lois, des tâches en cours, ou des différentes nuances de bleu du ciel. Mais l'insouciance de la jeunesse est quelque chose de magique. Dans mon esprit, elle peut être tout ça et bien plus encore, elle est avant tout Dragnis. Un bruit étrange s'échappe de ma gorge. Un grondement éructé. Un éclat de rire étouffé, comme cette amorce de sourire qui s'efface aussi rapidement qu'elle est apparue alors que je pose ma main encore humide sur sa tête et que je la fixe, mes prunelles orangées plongeant dans les siennes, violines. Ma voix est un vrombissement sourd quand je réponds, finalement, après de longues minutes de silence.

"J'en pense... Que les Anciens ont oublié ce que c'était d'avoir notre âge, à force de voir les années défiler et de passer leur temps à observer le monde d'En-Bas depuis leur tour de pierre, avec la certitude rassurante d'avoir leur Âme-Sœur à leur côté jusqu'au bout. Jusqu'au non bout, techniquement... Enfin bref. Tu crois vraiment que notre Ambassadeur à la Cour d'Eldoria est aussi indifférent et réservé qu'eux? Finalement, je crois que la Quête est suffisamment difficile et intense pour ne pas s'inquiéter de l'avenir en plus. Ce n'est jamais une bonne chose d'imaginer ce qu'il pourrait être."

L'air autour de nous semble immobile, et la nuit est finalement tombée. J'inspire profondément l'air crépitant et glacé de la Montagne. Il me brûle un peu mais, au fond de ma gorge, je distingue une autre odeur que celle de la pierre, du feu et de la neige. La sienne. Familière, encore, pour l'instant. Imaginer. Les visions sont suffisamment prenantes et explicites pour ne pas avoir besoin de plus. Et puis, après tout, nous sommes Dragnis, ce n'est pas comme si nous allions violer les Grandes Lois, même dans le monde d'En-Bas. Nous connaissons les conséquences. Même si nous sommes nés parce que quelque chose, quelque part, est advenu. Mes sourcils, lentement, se défroncent alors que mes cheveux, tirés par la gravité, retombent au ralenti sur mon front. Doucement, ma main quitte son crâne, et je reprends, d'une voix normale, qui porte un peu dans le silence omniprésent:

"Je ne t'ai pas trop mouillée? J'étais de corvée dans les bassins, et je n'ai pas vraiment pris la peine de me sécher entièrement..."

Un soupçon, presque imperceptible, de contrition. Un autre adage dit que seuls les idiots n'attrapent jamais de rhumes. Je me dis parfois que les Dragnis doivent être les plus grands des idiots...

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Jeu 9 Jan - 15:27

Je me laisse envelopper par la cape qui s'enroule autour de moi, comme une aile protectrice et inopinée. Je n'avais pas remarqué que le froid s'était installé - j'ai pris l'habitude de ne pas y porter attention, surtout ici où le vent règne en maître - mais la chaleur soudaine est agréable et bienvenue. Même si je crois que le geste en lui-même me réchauffe davantage que le tissu sur mes épaules.

L'état de ses cheveux, qu'il n'arrange certainement pas en y passant la main, me tire un bref sourire en coin, accompagné d'un léger soupir amusé. Mais l'instant ne se prête pas aux taquineries, pour une fois, alors je laisse passer sans rien dire. Pour le moment.

Il fronce les sourcils quand la discussion prend un tour plus sérieux, comme toujours lorsqu'il réfléchit soigneusement à un sujet. C'est une des choses que j'apprécie beaucoup chez lui : peu importe la question que l'on peut lui poser, il prendra toujours le temps d'y réfléchir avec attention avant de répondre.

Il laisse échapper un son guttural que je mets quelques instants à identifier comme à rire, tant ça me paraît incongru venant de lui. Je crois même discerner une ébauche de sourire, avant qu'il ne vienne poser sa main dans mes cheveux. Décidément, bien des choses inhabituelles, ce soir. Je suppose que c'est mon départ imminent qui me donne droit à un traitement de faveur de sa part... Je ne vais pas m'en plaindre.

Alors que je me concentre sur cet étonnant changement de ses habitude, je ne vois presque pas s'écouler les minutes qui passent avant qu'il ne réponde enfin. Je me détends en l'écoutant parler, me rendant seulement compte que j'avais retenu ma respiration jusque là. Ses paroles me rassurent, et ramène un sourire sur mes lèvres.

Je me rends compte que c'est étrange, que son opinion me paraisse si importante. Et qu'elle pèse plus à mes yeux que l'inquiétude des Anciens. Peut-être parce que je sais qu'il me connaît mieux qu'eux, au fond. Et parce que lui me le dit en face, bien que ce ne soit que parce que je le lui ai demandé, ce que je n'ai pas pris la peine de faire avec les Anciens. Mais après tout, si leur appréhension était fondée, ils auraient pris la peine de m'en parler.

Le silence s'installe à nouveau, mais maintenant débarrasser de cette impression de lourdeur qu'il me donnait précédemment. Il a raison, ça ne sert à rien d'imaginer ce qui pourrait arriver. Quand il reprend la parole, pour ce que je prend comme une sorte d'excuse, je retrouve mon air habituel, allant jusqu'à pouffer à sa remarque. Le temps des taquineries est revenu.

J'avais remarqué ça, oui. Il serait temps que tu apprennes à t'occuper un minimum de toi-même !

Tout en parlant, et comme pour contredire mes propres paroles, je me dégage de sous la cape, que j'enroule ensuite autour de lui sans prendre la peine de me relever complètement. Je me glisse de côté et, installée à genoux derrière lui, j'entreprends de défaire le catogan qui ne retient plus que sommairement ses cheveux pour les essorer un tant soit peu, tout en veillant à ne pas lui faire mal. On ne peut pas dire que ce soit sec, mais c'est au moins un début.

Une fois fait, j'essaye de remettre de l'ordre dans ce qui pour l'instant tient plus de la crinière que de la chevelure. L'espace d'un moment, je retrouve mon rôle de grande sœur. Pour la dernière fois avant très longtemps. Peut-être même la dernière fois tout court. Après tout, qui sait nous nous reverrons ? Les gens changent, même nous, surtout à notre âge. Peut-être que tout sera très différent, alors.

C'est probablement cette pensée qui me donne l'impulsion soudaine d'enrouler mes bras autour de lui et de poser le menton sur son épaule, la joue collée contre la sienne sans me soucier de ses cheveux mouillés. Mais ce n'est pas à ça que je veux penser pour l'instant. Je préfère essayer de garder une note positive à la discussion, et surtout éviter de lui donner des airs d'adieux. Alors, c'est avec le sourire et sur un ton enjoué que je lance, en fixant l'horizon comme si je pouvais voir à travers le rideau sombre qui le recouvre désormais :

Tu te souviens quand on était encore trop petits pour avoir des visions, et qu'on jouait à faire des prédictions ? D'après toi, lequel d'entre nous trouvera son Âme-Soeur en premier ?

Le jeu consistait à raconter chacun une version de quelque chose qui allait arriver. Il avait pris fin petit à petit, au fur et à mesure que nous commencions à avoir des visions - puisque bien sûr jouer en ayant effectivement vu ce qui allait arriver était considéré comme de la triche. Un jeu où je perdais systématiquement, puisque je préférais ce qui me paraissait le plus amusante, plutôt que le plus susceptible d'arriver. Raconter une bonne histoire m'a toujours paru plus intéressant que de gagner.

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Ven 10 Jan - 0:17

Elle a l'air bien plus serein après mon discours. C'est une impression, bien entendu. Encore une. Une autre forme d'interprétation, que d'essayer de comprendre ce que la posture, le visage et les yeux des gens reflètent. Avec une marge d'erreur tellement étendue que je doute que cela vaille la peine de risquer une quelconque affirmation, en pensée ou en paroles. Pire encore qu'avec les paroles, qui sont constituées de mots tangibles aux acceptions plus ou moins reconnues par tous. Certaines sont rares, et d'autres spécifiques, mais la base est relativement semblable pour tous.

Alors que les expressions... Déjà, elles varient d'un visage à l'autre. Elles sont plus ou moins prononcées. Comme les accents, dans le langage oral. Elles sont spécifiques à chacun, ont un timbre bien particulier, en quelque sorte. Comme les gens dans leur globalité, d'ailleurs. Des ressemblances existent, mais ce qu'il y a derrière, les sentiments, les pensées, les conceptions, les croyances, les valeurs... Tout diffère. Même ici. Ce n'est pas la première fois, et probablement pas la dernière non plus, que je me fais la réflexion que nous aurions pu avoir un esprit de ruche. Mais que la complexité des êtres pensants, de leur individualité, fait que nous sommes finalement distincts les uns des autres. Séparés en pensées, séparés en paroles, séparés physiquement, séparés par nos appellations même.

Je ne répéterai jamais assez que je n'aime pas les noms. Pas uniquement le mien. Mais ils n'ont aucune substance. Ou plutôt, ils en ont bien trop. Et j'en reviens alors aux mots et à leur interprétation. Un mot possède plusieurs sens, mais une seule et unique étymologie, et ne recouvre, en règle générale, que des notions proches, à moins d'être déformé par de l'argot. Alors qu'un nom propre, qui n'est, en soi, qu'un mot, est censé définir une personne dans son entièreté. Ce qui est absolument impensable. La complexité d'un être vivant et pensant ne peut être résumée en un seul et unique mot. Ils ne sont qu'une convention sociale globalement inutile et bien moins "définissante" que, par exemple, "jeune Dragnis".

Le Destin seul sait à quoi ce genre de convention peut bien servir. D'autant plus quand deux personnes bel et bien différentes portent le même nom. Cela advient, semble-t-il, relativement fréquemment dans le Monde d'En-Bas. L'évoquer me rappelle bien vite que je ne suis pas seul, et que mes réflexions peuvent attendre. Elles reviendront, de toutes les façons, comme un cycle, ou une boucle continue. Pensées récurrentes, sujets ressassés mille fois. Mais cet instant précis ne se représentera probablement pas de mon vivant. Je n'estime pas comprendre le Destin, mais je crois, en un sens, que le temps est cyclique. Que l'Histoire, à tout le moins, est cyclique. Nous le constatons, nous qui l'observons. Mais cela fait-il de nous des êtres hors du Temps, ou simplement hors de l'Histoire? Ou hors de l'histoire? Encore un autre problème. La différence entre les concepts et ce qu'ils recouvrent.

Je me secoue mentalement quand j'entends sa voix dans l'air glacé, et qu'elle bouge pour se dégager de la cape. Je crois déceler la taquinerie habituelle dans ses paroles, et je me détends imperceptiblement. J'aime les discussions sur des sujets sérieux, mais je n'aime pas les discussions sérieuses. Je la laisse pourtant retirer le lien qui retenait mes cheveux, et tenter de les dompter. Si elle y parvient, aucun Dragon ne lui résistera. J'esquisse à peine une réponse, soufflée du bout des lèvres alors que je fixe avec intensité la nuit qui a envahi le ciel. Elle n'est pas noire, comme beaucoup semblent le penser. Elle est bleue, elle est grise, elle est blanche... Et, surtout, elle est magnifique. Mais le ciel l'est toujours. L'air, mais surtout l'immensité. S'il y a bien une chose que je trouve fascinante, c'est le ciel. Et je me demande vraiment s'il est différent, vu d'En-Bas.

"Je ne voyais pas l'intérêt de me sécher alors que..."

Ses bras s'enroulent autour de moi et sa joue fraîche se pose contre ma peau humide. Elle va être mouillée, elle aussi. Je finis ma phrase rapidement, bien plus bas.

"...il va neiger bientôt."

Je n'ai pas besoin de rappeler que les contacts physiques, s'ils sont fréquents, et ne sont pas repoussés, sont rarement recherchés, en ce qui me concerne. Un petit air renfrogné qui n'encourage pas la familiarité. Une expression surprise au détour d'une conversation, alors que j'avais... Alors que j'étais trop jeune pour comprendre, vraiment, que ce n'était pas normal. Et je n'ai jamais cherché à l'initier non plus, ce contact. Parce que s'ils ne veulent pas me toucher d'eux-même, ils ne voudront pas non plus que je les touche. Mais c'est différent, je crois, avec elle. Et le temps passé qu'elle évoque me rappelle que l'on a grandi, également. Je décroche ses mains, glisse les miennes dessous, paume contre paume. Mes doigts sont plus longs que les siens, désormais. Plus larges, aussi. Plus humides, mais c'est circonstanciel.

Un soupir m'échappe à la mention de ce jeu. Je me souviens, bien sûr. Je regarde le nuage de buée qui s'échappe de mes lèvres, s'élève devant mes yeux, et se dissipe, enfin. Je capte les lueurs dansantes du feu qui nous éclaire vaguement et crée plus d'ombres qu'il n'en dissipe. Je ne peux pas capturer l'ombre du feu, ni celle du vent. Et celle du futur... Pas encore. Celle du passé, en revanche, n'est jamais loin. Passé proche, je ne suis pas encore si ancien. Pas assez, peut-être. Je baisse mes prunelles rougeâtres sur nos mains presque liées, sans bouger la tête pour autant. Je n'ai jamais aimé ce jeu, mais certaines choses sont plus difficiles à refuser quand on est encore avide et plein d'attentes.

Je me laisse le temps de la réflexion, avant de lui répondre. Et je me demande si elle entend les vibrations générées par un son aussi bas. Désagréable. Je n'apprécie pas particulièrement cette nouvelle voix. Celle d'avant était... éraillée, certes, mais compréhensible. Je n'avais pas d'effort à faire pour sur-articuler. Ou pour ne pas être aussi désagréable à l'oreille que je l'étais à la vue, de toute évidence.

"Trois ans, c'est court. Le Destin est seul à pouvoir choisir, mais je pourrais trouver mon Âme-Sœur en bas de la Montagne, à peine parti. Les probabilités, cependant, parleraient, si elles le pouvaient, en ta faveur. Tu trouveras sans doute aucun des possibilités de voyage qui te mèneront vers celui que tu attends."

Un frisson hérisse mes écailles, qui butent contre sa masse, dans mon dos. Je n'ai pas de visions qui ne me concernent pas. Pas encore. Et pourtant... Pourtant je n'ai pas dit ce que j'avais prévu de dire. Ce n'est qu'en rouvrant les yeux que je m'aperçois que j'ai refermé les doigts sur ses mains. Que je les ai serrées un peu fort. Je les détache lentement, un par un. Et un nouveau souffle m'échappe:

"Ce n'était pas exactement prévu..."

Je me demande moi-même de quoi je parle, à cet instant précis. Allez savoir... Le Destin place parfois de bien étranges obstacles sur notre chemin...

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Ven 10 Jan - 15:55

Sa réponse me tire un sourire, qu'il ne peut pas voir dans la position où nous nous trouvons, et un soupir volontairement exagéré. C'est vraiment tout lui. Il arrive à être à la fois incorrigiblement pragmatique à l'excès, tout en donnant l'impression de ne pas avoir la moindre once de sens pratique. Je réponds en lui soufflant à l'oreille, d'un ton amusé :

Éviter de te retrouver avec les cheveux gelés, par exemple ?

Certes, il ne risque pas de tomber malade à cause de ça, mais ça n'en est pas moins affreusement désagréable. Je le sais pour avoir déjà eu la brillante idée de me trouver dans cette situation. Et mes cheveux étaient plutôt courts, à l'époque, bien plus que les siens ne le sont maintenant.

Je fais mine de ne pas remarquer sa réaction à mon étreinte, pourtant évidente, sa phrase interrompue puis terminée à la hâte. Je me demande comment il ressent ces contacts que j'initie très souvent, sans prendre la peine d'attendre son autorisation. Je me souviens lui avoir demandé, il y a bien longtemps, si ça le dérangeait. Il m'avait simplement répondu que non, ce qui avait suffit à me sentir libre de continuer. Je ne doute jamais de ce qu'il me dit. Mais qui ne m'a rien appris sur ce qu'il en pense, au fond.

Je sais juste que c'est l'un des - nombreux - points sur lesquels nous sommes très différents. S'il n'évite pas activement les contacts, il ne les recherche manifestement pas non plus. Et en vérité, il ne me semble pas que les autres aillent vers lui de cette façon non plus. Je ne sais pas si ça lui manque, mais si c'est le cas, il n'en montre rien. Tout comme il n'a pas l'air contrarié que je me permette cette familiarité envers lui. Ce qui me fait me demander s'il s'en fiche, dans un sens ou dans l'autre, ou s'il garde simplement ce qu'il en pense pour lui.

Qu'elle soit réelle ou feinte, je sais en revanche que personnellement, je serais incapable de montrer une telle indifférence. J'aime toucher, sentir les gens, au point qu'il m'arrive parfois de le faire sans vraiment m'en rendre compte. Qu'il s'agisse de simples effleurement, des petits coups amicaux comme celui dont je l'ai gratifié un peu plus tôt, épaule contre épaule, ou encore de vraies étreintes comme à cet instant, pour moi c'est une façon de communiquer, parfois plus parlante que les mots. Quelque chose qui m'aide à faire passer ce que je n'arriverais pas à exprimer à l'oral, et à comprendre un peu mieux les autres, peut-être. Et aussi, je suppose, qui répond à un besoin plus profond, qui m'aide à sentir que je ne suis effectivement pas seule.

Je souris doucement en entendant son soupir quand je lui rappelle le jeu de notre enfance. Je m'y attendais un peu, en vérité. Je ne crois pas qu'il l'ait jamais vraiment amusé. Pas autant que moi, en tout cas. Il ne répond pas tout de suite, comme d'habitude, et pendant un moment je me demande même s'il va le faire. Il pourrait simplement refuser de jouer, après tout. Je ne lui en voudrais pas, même si je dois bien admettre que ça me ferait plaisir.

C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison qu'il le fait, finalement. Difficile à dire. Il répond sans vraiment répondre, comme à l'époque. Pourtant ses paroles me donnent une impression étrange, qui se confirme presque immédiatement quand je sens les écailles de son dos se hérisser et ses doigts serrer subitement les miens. Il vient de se passer quelque chose, indéniablement, et, je ne pourrais pas dire précisément quoi, je m'en fais au moins une assez bonne idée.

L'expression du pouvoir de notre race peut être assez erratique, surtout à notre âge. Visions impromptues, impressions étranges et autres manifestations incontrôlables, le plus souvent quand on s'y attend le moins.

L'imprévu rend les choses plus intéressantes... On devrait en profiter tant qu'on le peut encore.

Je me rends compte que j'ai parlé tout haut au moment où ma voix s'éteint, un peu surprise d'y déceler une note de nostalgie que je ne savais pas être là. Ce n'est pas tout à fait un chemin que je souhaite voir prendre à cette discussion. Je resserre légèrement mon étreinte, brièvement, puis retrouve mon sourire en déposant un baiser sonore sur sa joue.

Tu te rends compte que ce n'est pas du tout le but du jeu, de simplement dire de quels côté penchent les probabilités... Tu es censé inventer une histoire, normalement.

Le ton affectueux sur lequel je parle dément la critique qu'évoquent mes paroles. Je me décide à le lâcher, et revient m'asseoir à côté de lui, les jambes pendant dans le vide au bord de la plate-forme. Je souris en regardant tomber un flocon isolé, prélude à la neige qu'il a annoncée.

Trois ans, ça me paraissait une éternité, quand c'était tout ce qui me séparait de mon départ pour En-Bas. Mais ils sont peut-être passés plus vite que je ne l'aurais cru. Tu as peut-être raison. Trois ans c'est court...

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Ven 10 Jan - 19:56

Se geler les cheveux. Oui, bien sûr, je n'y avais pas pensé. Je hausse distraitement les épaules, un peu retenu par son poids, son corps serré contre le mien. Ce n'était pas dramatique. La dernière fois que ça m'est arrivé, je me suis simplement retrouvé avec quelques mèches plus courtes. Et c'est une sensation... Intéressante. Qui offre une perception accrue du cuir chevelu. Et puis, ce n'est pas exactement comme si je portais la moindre attention aux larges mèches d'un gris acier terne qui me pendent sur les épaules. Et puis, effectivement, je ne tomberai pas malade. Peu d'impact, donc.

Je lève les yeux au ciel, plus haut, ce que j'en vois, suivant la danse des nuages blancs dans le vent, qui souffle de plus en plus fort. Bientôt, bientôt, mais pas encore. J'ai l'impression de lire l'anticipation dans leur ventre gonflé et duveteux. Parfois, j'ai envie de rester à cet endroit, suspendu hors du Temps, mais à regarder défiler le temps, et les nuages, et les Dragons, et tout ce qui ose voler jusqu'ici. Peu d'oiseaux survolent la Citadelle, le ciel est bien trop dangereux pour eux, ici. Et s'ils le faisaient, ils devraient être plus féroces que des Dragons, et moins domptables, puisque nous n'aurions aucun lien privilégié avec eux.

Beaucoup de théories courent et s'affrontent, quant à l'origine de ce lien, d'ailleurs. Mais si nous voyons le futur de façon plus ou moins fragmentaire, plus ou moins parcellaire, et cependant certaine, nous n'avons pas la capacité d'apercevoir le passé, de remonter le Temps que nous n'avons pas connu. Notre mémoire, celle des Anciens, remonte très loin. Nous n'avons pas, à mon grand regret, parfois, de mémoire collective. Chacun doit transmettre ses réflexions, ses expériences, ce dont il a été témoin, lorsqu'il était En-Bas, ou ce qu'il a observé, jour après jour. L'Histoire, le Monde, les Peuples. Les souvenirs sont transmis, mais aucun n'a amené jusqu'à nous la réponse à cette énigme, perdue dans les vagues du Temps. Cependant, que nous soyons une ancienne race d'Hybrides Dragons qui auraient évolué, quand les autres auraient régressés, ou encore des Dragons maudits par le Destin qui auraient dû devenir anthropomorphes, ou que sais-je encore, nous possédons ce lien indéfectible et incommensurable en même temps. Voire nécessaire. Non, évidemment nécessaire.

Tout cela pour dire que mes écailles, héritage incertain, retrouvent peu à peu leur place contre ma peau. Sa voix me surprend, encore, dans mes réflexions. Et en déclenche de nouvelles. Comme toujours. Stimulation, émulation. Le but de la discussion, l'intérêt d'être entouré d'Autres. Mais tous auraient-ils le même impact? Je ne sais pas si je suis dans l'attente de maîtriser ces visions et prophéties. Cela voudrait dire que j'aurais atteint un certain contrôle sur moi-même et mon environnement. Et contrôler certaines choses... au milieu de tout ce qui m'échappe... Cela semble un havre de paix. Une myriade de possibilités. L'imprévu représente tout ce qui m'échappe, comme ma vie, comme le destin, au cœur du Destin. Je pense que c'est en cela que nous différons véritablement.

Ses mains quittent les miennes alors qu'elle ressert son étreinte, brièvement, et qu'elle m'embrasse. Je n'ai jamais compris pourquoi elle faisait ça. Quelles étaient ses intentions, ses impressions, ses motivations derrière un tel geste. Et son but, également. Est-ce une marque d'affection, une façon de détourner la conversation? Un peu des deux? Autre chose complètement? Cela aussi, je l'ignore, mais j'ai depuis longtemps abandonné l'idée de tenter de la comprendre. Elle est, et voilà tout. Je pense que c'est également ce qui me paraît le plus étrange, dans le fait que je ne la reverrai pas avant longtemps. L'idée que ce qui me paraît logique et comme allant de soi, comme les règles qui définissent ma relation avec elle à ce jour, n'auront plus lieu d'être, ne seront plus. A cela non plus, je ne veux pas penser. Pas encore, pas maintenant. Et imaginer ce que ce pourrait être...

Une amorce de sourire m'échappe à sa remontrance. Je n'ignore pas que ce n'est pas la règle du jeu, mais il s'agit de la seule façon que j'ai de ne pas répondre. Quelques mots m'échappent, malgré tout, un peu moins froids, un peu moins monocordes. Plus enfantins, peut-être, malgré ma voix qui se module mal, encore.

"Mes histoires n'ont jamais valu la peine que je les raconte, et tu le sais fort bien."

Je la sens quitter mon dos, s'éloigner, s'asseoir sur le rebord de la Tour, les jambes dans le vide. Je regarde de l'autre côté, me laissant aller vers l'arrière, jusqu'à m'allonger sur le dos, la tête à hauteur de ses cuisses. Quel que soit l'endroit où je regarde, je ne vois plus que le ciel. Le ciel bleu, et gris, et blanc, et ces gros nuages, poussés par le vent, guidés comme des moutons, qui éclatent enfin, laissant tomber quelques flocons tourbillonnants, puis toute une flopée de ceux-ci, jusqu'à ce que, peu à peu, la nuit en semble constellée. Les mains croisées sur mon estomac, je réfléchis, une fois encore, à ce qu'elle dit. Et, cette fois, je n'ai pas le temps de vraiment formuler les idées avant de laisser échapper:

"Tu me forces à réfléchir sérieusement, quelle que soit l'heure. Comme les Anciens, mais... en mieux."

Parce que si j'avais prémédité cette réponse, je n'aurais pas porté un tel jugement. Je laisse échapper un souffle blanc, qui intercepte un flocon, avant qu'il ne vienne se poser sur mon visage. Ce que j'ai dit est vrai, mais certainement plus personnel que ce que j'exprime habituellement. Je l'ai dit, j'aime les discussions sur des sujets sérieux,et mes impressions, mes sentiments, sont tout sauf ça. Et n'intéressent personne, pas même moi, bien souvent. J'en reviens donc à un sujet bien plus stimulant:

"Dans la vie d'un Dragnis, trois ans représentent à peine un claquement de doigts. C'est incontestable. Le temps s'écoule de la même façon pour tout le monde, je crois, mais il n'est pas toujours ressenti de la même façon. Pour eux, enfermés dans la salle d'observation, ce n'est rien. Pour nous, avec si peu de ces mêmes années derrière nous, elles sont comme un obstacle insurmontable. Trois années sont objectivement courtes, mais quand nous nous reverrons, ici, ou En-Bas, elles auront fait la différence."

Elle connaîtra déjà les us et coutumes de ce monde que je découvrirai. Et elle aura appris tellement de choses. Les années sont certainement plus denses. Beaucoup plus de personnes, beaucoup plus de tâches à accomplir, beaucoup plus de Tour et de Citadelles. Un soupir m'échappe alors que la pluie de flocons se densifie autour de nous, nous isolant du reste du monde, plus encore. Comme s'il n'y avait que nous deux, ici, malgré les liens qui nous relient aux autres Dragnis enfermés dans la Citadelle. Un instant unique, et aussi éphémère et irréel que ces cristaux de neige.

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Ven 10 Jan - 22:34

Pas vraiment non, puisque tu ne m'as jamais donné l'occasion d'en juger par moi-même

Cette fois une réelle, bien que légère, touche de réprimande sous le ton de la taquinerie habituelle, glissée à son oreille avant de le libérer. J'ai dit que je le croyais toujours, ce n'est pas tout à fait vrai. Disons plutôt que je crois qu'il croit ce qu'il dit, et que le fait qu'il pondère toujours ce qu'il va dire avant de s'exprimer fait qu'il se trompe rarement. Ce qui ne signifie pas jamais.

En l'occurrence, je ne doute pas qu'il soit intimement persuadé de ce qu'il dit. Tout comme je suis presque sure que je ne serais pas du même avis, s'il me donnait l'occasion de m'en faire un à ce propos. Ce que je n'espère plus voir arriver. Ce n'est pas grave, c'est son caractère et je l'accepte comme il est, même si je regrette, parfois qu'il se refuse à s'ouvrir davantage. Mais c'est son choix et je n'ai rien à y redire. En revanche, qu'il n'espère pas que je vais acquiescer à son auto-dénigrement...

Je hausse les sourcils de surprise en entendant sa remarque suivante. Ce n'est pas vraiment le compliment qui m'étonne, mais la comparaison. Être comparée, à mon avantage, est évidemment toujours inattendu. Mais surtout, je crois bien que c'est la première fois que je l'entends porter un jugement de valeur, sur quelque sujet que ce soit. Ou quoi que ce soit de subjectif, d'ailleurs.

Décidément, il fait bien des choses qui ne lui ressemblent pas, ce soir. Venir vers moi, engager la discussion, prendre mes mains. Et maintenant ça. Une pensée fugitive me traverse l'esprit et, l'espace d'un instant, je me demande s'il fait des efforts particuliers parce que je vais partir, ou si ce départ prochain le pousse simplement à moins se maîtriser et à se laisser plus aller à être lui-même...

Quoi qu'il en soit, je sais que je n'aurai pas la réponse ce soir. Peut-être même jamais d'ailleurs. Alors je décide de chasser la question d'un haussement d'épaule et de simplement accepter le compliment.  Je baisse les yeux vers lui et le regarde avec un sourire affectueux tandis que mes doigts se glissent dans ses cheveux. Manière de remerciement, je suppose, avant de retrouver une mine plus légère.

Tiens donc, je fais ça moi ? J'aurais pourtant dit que tu te débrouillais très bien tout seul pour ça. D'ailleurs je dirais même que tu as tendance à trop réfléchir. Comme les Anciens... mais en pire.

J'appuie volontairement sur les derniers mots, pour ne pas laisser de doute qu'ils ne sont là qu'en guise de plaisanterie, et pour répondre à ses propres paroles. Le reste, en revanche, a des accents de vérité que je ne cherche pas vraiment à cacher. Je me suis souvent dit que moins réfléchir, cesser de tout calculer et de peser ses mots à chaque instant, ne serait-ce qu'une fois de temps en temps, lui ferait sans doute du bien. Mais, encore une fois, il est ce qu'il est, et si c'est ce qui lui convient, je n'ai rien à y redire.

Je n'ai pas besoin d'attendre longtemps pour qu'il change de sujet. Ça en revanche, je m'y attendais. Comme à chaque - rare - fois où la discussion le concerne. Je le laisse faire, comme toujours. Il a probablement ses raisons, qui m'intriguent mais ne me regardent pas. Je suis déjà bien assez envahissante comme ça, je suppose, j'essaye d'éviter d'en faire trop.

Je me laisse glisser jusqu'à me retrouver allongée sur le dos à mon tour, à l'opposé de lui, sans prendre la peine de ramener mes jambes sur le sol. Je contemple le ciel et la neige qui tombe sur mon visage en réfléchissant à ce qu'il vient de dire.

Elles auront fait la différence. Oui, mais laquelle ? À quel point aurons-nous changé, lui comme moi, au cours de ces années ? D'ailleurs, combien d'années avant que nous nous revoyions effectivement ? Un mince sourire flotte sur mes lèvres quand je réalise que sa formulation peut laisser sous-entendre qu'elles ne seront que trois. Je doute que ce soit volontaire, il faisait probablement références aux années de manière générale, pas spécifiquement à trois. Malgré tout, j'aime assez l'idée, si bien que je décide de me l'approprier.

Je n'ai pas fait ma prédiction, au fait. Je dis que je te retrouve avant que tu trouves ton Âme-Sœur. Sans tricher.

Parce que bien sûr, ce serait trop facile de revenir délibérément l'attendre en bas de notre montagne d'ici trois ans pour avoir raison. Même si, en l'occurrence, je triche un peu justement, puisque je ne réponds pas précisément à la question. Mais après tout, lui aussi triche en évitant de répondre. Et choisir l'histoire que je préfère est, pour moi, la seule règle véritablement importante.

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Sam 11 Jan - 22:55

Je ne m'attendais pas à cette remarque. N'a-t-elle véritablement jamais eu l'occasion d'entendre une histoire que j'aurais racontée. Peut-être que si, mais qu'elle avait si peu l'air d'une histoire qu'elle ne l'a pas reconnue pour ce qu'elle était, croyant qu'il s'agissait d'un exposé sur un sujet quelconque et sérieux, philosophique et terriblement terre-a-terre, au contraire des histoires fantastiques nées de son imaginaire débordant. Comme si plusieurs mondes existaient dans son esprit, avec leurs propres habitants, telle une réalité alternative qu'elle serait la seule à connaître, à voir, à appréhender, à comprendre. La seule à pouvoir l'expliquer et la conter, également. A rendre ces gens vivants pour les autres. Pour ceux qui sont incapables de le faire. Pour ceux qui ne savent pas voyager par l'esprit. Comme moi. Parce que je n'ai jamais pris la peine de lui dire, mais elle me transporte à chaque fois. Mais... En d'autres circonstances, peut-être aurais-je avoué cette faute, cette faiblesse. J'en ai déjà trop dit, je crois. Et mon esprit perd peu à peu de sa rigidité critique, celle qui me maintient hors des affres des sentiments qui obscurcissent le jugement et l'observation. Les ennemis de l'objectivité.

J'inspire profondément, mais je ne réponds pas. Ses doigts dans mes cheveux me font à nouveau baisser les yeux vers elle, avant de les reporter sur le ciel. Il y a des personnes avec qui il est difficile d'être complètement froid, objectif et observateur. Avec la plupart des Anciens, je n'ai aucun problème. Comme elle le dit si justement, et malgré la pointe de je-ne-sais-quoi qui s'y est glissée, je pèse chaque pensée et chaque parole. Dans l'espoir vain, probablement, de contrôler un aspect, même minime, de mon existence. Je n'ai aucune envie de penser à la raison pour laquelle il s'agit du seul aspect. Je ne vois pas l'intérêt d'essayer de l'expliquer. Comme je n'irais jamais lui demander pourquoi elle touche les gens, même quand ce n'est pas nécessaire, ou pourquoi elle leur offre toujours un sourire, quel que soit l'état d'esprit dans lequel elle peut se trouver. J'aurais autant de pertinence à tenter de comprendre l'essence de ce qui fait d'elle un être unique, qu'à essayer de... tricoter avec les pieds? Non, je pense que ce doit être faisable. Que de voler sans Âme-Sœur. Ou que de vivre sans cette dernière.

Mes mains quittent le cocon douillet de mon ventre, et se lèvent, paumes vers le ciel, doigts écartés, pour retenir les flocons. Je les sens, gouttes froides qui se déposent délicatement, comme de petits souffles gelés, sur ma peau. Qui se réchauffent et fondent au contact de ma propre chaleur. Qui s'écoulent en rigoles tièdes sur mon visage à force de s'être accumulées. La pluie, les larmes du ciel. La neige, qu'est-elle au juste? L'expression de la tristesse d'un ciel glacé et solitaire? Des poètes pourraient les décrire de telle façon. Mais je ne suis ni poète, ni inventeur, ni...

Je me contente de regarder la nuit, le ciel, les nuages et la neige. Dans toute son objectivité. De petits flocons à l'apparence absolument unique. Les nuages pourraient représenter le Destin, qui nous lancent, êtres vivants et pensants, en une course désespérée vers une fin certaine et annoncée, vers le bas, toujours vers le bas, jusqu'à l'heure de notre mort, où nous serons absorbés par la terre, pour nourrir les plantes, ou pour nous évaporer à nouveau, et reformer des nuages et plus de pluie, plus de neige. Et ainsi de suite, à l'infini, sans que nous puissions y faire quoi ce soit.

Doucement, mes mains se referment, recrachant l'excédent d'eau retenu dans mes paumes, qui s'écoule, à nouveau, sur mon visage, dans mes cheveux. Lentement, je les repose sur mon ventre, sans prendre la peine de les essuyer. J'ai entendu sa prédiction imaginaire. Peut-être, dans un monde ou un autre, se réalisera-t-elle. Je ne suis pas encore certain de m'adresser à elle, quand je réponds.

"La question étant de savoir si tu auras ton Âme-Sœur à ce moment-là. C'était, après tout, l'intérêt de ce jeu, le sujet de la prédiction. Et, hypothétiquement, comment penserais-tu tricher? A quelles règles pourrais-tu contrevenir?"

Je ne sais pas quoi lui dire d'autre. Tous les sujets que nous avons abordés sortent de ma zone de confort habituelle. Des questions sur moi, des questions sur l'avenir, des questions sur... Des réflexions, surtout, sur mes ressentis. Cependant, parce que c'est la Citadelle, parce que c'est la nuit, qu'il neige, je sens mon corps se détendre, et je me rends alors compte de la tension qui m'habitait avant. Un soupir m'échappe, un nouveau, qui s'élève en volute dense d'une blancheur trompeuse, puis se perd dans le vent, qui est retombé aussi subitement qu'il avait commencé à souffler. Il ferait presque chaud. En définitive, quelques mots se bousculent, à peine articulés, comme un grondement indéfini:

"Je crois, en définitive, que je n'ai plus aucune raison de m'interroger sur la façon dont tu survivras dans le monde d'En-Bas... Arsinoë."

Il allait falloir s'y faire, probablement. Je ne sais toujours pas si j'apprécie de la considérer, déjà, comme un membre extérieur, une partie détachée du "nous" que représente la Citadelle. Une personne qui se tiendrait, seule, mais en même temps fière et indépendante, par elle-même, sur la bordure de ce monde que nous avons partagé pendant dix-sept ans. Comme une entité qu'il me faudrait réapprendre à connaître.

Dragnis
Arsinoë Maranis
Arsinoë Maranis
Dragnis

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MessageSujet: Re: Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela]   ceux qui partent - Ceux qui partent finissent toujours par revenir [PV Tela] 660830Image55Dim 12 Jan - 21:41

Allongée, le regard tourné vers le ciel, je regarde la neige tomber du rideau du ciel nocturne. Comme je l'ai fait bien des fois au cours de ces vingt dernières années. J'observe la danse des flocons, uniques et éphémères, ballottés par le vent. J'aime comme leur blancheur se détache sur l'obscurité bleutée, d'une façon presque lumineuse. Comme si les étoiles elles-mêmes descendaient de l'étendue infinie des cieux. Une dernière étincelle, ultime piqûre sur la peau fraîche de mes joues, et les voilà disparues, retournées au cœur de l'immensité.

Le son grave de sa voix me tire de mes rêveries. Je ne m'y habitue décidément pas. Je me demande si elle me semblera plus coutumière, la prochaine fois que je le verrai. Après des années à passées à me la remémorer en guise de dernier souvenir de lui. Ou si, au contraire, elle me semblera plus incongrue encore, comme étrangère. Je souris néanmoins à ses questions, bien qu'il ne puisse pas le voir, et réponds avec ma désinvolture habituelle.

Si je venais te chercher en bas du chemin quand je sais que tu partiras d'ici, par exemple. Faire quelque chose dans le seul but que sa propre prophétie se réalise, c'est tricher. Je suppose que ce n'est qu'une transposition des Lois que les Anciens nous ont inculquées. On peut prédire l'avenir, mais pas intervenir.

En revanche, je ne réponds à la question, qu'il n'a d'ailleurs pas tout à fait posée, concernant le fait que j'aurai ou non trouvé mon Âme-Sœur. Depuis le temps, il devrait savoir que je n'aime pas jouer selon les règles. Ou alors, selon celles que je me fixe moi-même. D'ailleurs, il n'a pas tout à fait raison. Que j'aie trouvé mon Âme-Sœur ou non quand je le reverrai ne répond pas vraiment à la question, sans annoncer si c'est également le cas pour lui.

Je laisse le silence s'installer à nouveau tandis que des pensées se bousculent dans ma tête. Je me demande à quoi ressemble son Âme-Sœur. Et la mienne. À quel point et de quelle manière il va changer, durant les trois années qui le séparent de son départ pour En-Bas. Et pendant les suivantes, l'influence que son voyage aura sur lui. Étonnamment, je me rends compte que je ne pense pas au mien, alors que je n'ai guère eu autre chose en tête ces dernières semaines... Je me demande si c'est à cause de lui, de cette discussion, ou simplement parce que son imminence fait que je ne ressens plus le besoin d'imaginer ce que je vais bientôt voir de mes yeux.

C'est à nouveau lui qui brise le silence, d'une phrase que je ne sais d'abord pas très bien comment l'interpréter. Cryptique et mystérieux, comme à son habitude. Il pourrait vouloir dire bien des choses. Qu'il s'inquiétait pour moi, mais qu'il se sent rassuré à présent. Ou tout au contraire, que je ne fais déjà plus partie du Groupe et que, au moins temporairement, ce qui va bien pouvoir m'arriver n'a aucune espèce d'importance. Ou bien encore, plus simplement, comme un rappel de ce qu'il a dit plus tôt, qu'il ne sert à rien d'imaginer et de s'inquiéter pour l'avenir.

Finalement, c'est le dernier mot qu'il prononce, soufflé après une hésitation, qui achève de me convaincre d'opter pour la première hypothèse. Un prénom, tout simple, le mien, entendu sans doute des milliers de fois. Mais jamais, il me semble, venant de lui. Ni le mien, ni celui de qui que ce soit, d'ailleurs. J'aime assez sa façon de le prononcer, comment sa voix le fait sonner à mes oreilles. Elle me paraît plus familière, tout à coup.

Je me trémousse et me contorsionne pour me retourner sans prendre la peine de me relever vraiment. J'entends d'ici le sermon plein de réprobation si souvent entendu d'un Ancien. "Arsinoë, ce n'est pas une façon de se tenir". "Tu seras bien avancée quand tes vêtements seront troués, Arsinoë". Eh bien, je les ai recousus, et voilà tout, puis j'ai continué à me traîner par terre quand l'envie m'en prenait.

Le souvenir donne une touche enfantine au sourire que j'arbore quand je me retrouve sur le ventre, la tête à côté de la sienne. Mes doigts attrapent une mèche de ses cheveux, à nouveaux trempés pour jouer avec machinalement. Je laisse échapper un soupir faussement agacé avant les ramener contre son visage, faisant mine de lui chatouiller la joue avec en guise de représailles.

C'était bien la peine que je me donne tout ce mal pour te recoiffer !

Je reprends un peu de mon sérieux. Mon sourire ne disparaît pas, mais perd son allure facétieuse pour se faire plus tendre. Mes doigts s'écartent juste assez pour libérer ses cheveux, avant de venir s'égarer le long de sa joue dans un geste caressant. Je reprends d'une voix pour une fois dénuée de taquinerie et qui, sans être tout à fait inquiète, et pour le moins concernée.

Tu as raison, Petit Frère. J'aimerais pouvoir en dire autant. Essaye de faire un peu plus attention à toi, d'accord ?

Il lui reste encore trois ans, après tout. Et ce n'est pas comme si je ne lui faisais pas confiance pour être capable de se débrouiller seul, malgré ce que mes paroles pourraient laisser croire. Simplement... je suppose que c'est normal, pour une grande sœur, de s'inquiéter. Comme il est normal que je ne puisse pas toujours être là à veiller sur lui. Il faut simplement que je m'habitue à l'idée qu'il a sans doute moins besoin de moi que je ne veux bien le croire.

Je me rends compte qu'il y avait longtemps que je ne l'avais plus appelé comme ça. Je ne sais pas si c'est une bonne chose ou pas. Je me laisse retomber, un peu lourdement, bras croisés à plat, le menton posé dessus. J'observe une dernière fois l'horizon, à travers les volutes blanches et la nuit noire. Juste quelques instants. Le temps de rassembler le courage de me décider. Il faut bien que tout ait une fin. Même nous, après tout, en avons une. Je me redresse jusqu'à me retrouver à genoux, prends le temps de le regarder encore une fois. Je souris toujours, même si je sens bien que celui-ci est un peu plus triste que les précédents, que ma voix n'a pas tout à fait autant d'entrain que je le voudrais.

Je devrais aller me coucher. Une longue journée m'attend demain... Et sans doute beaucoup d'autres après elle !

Je me penche pour l'embrasser rapidement sur le front, puis me relève. Avec un peu de chance, j'arriverai à me glisser jusqu'à ma chambre sans croiser d'Anciens pleins de bonnes et prudentes recommandations. J'ai déjà traversé une partie de la plate-forme quand je me fais la réflexion que cette dernière phrase ne correspond pas vraiment à l'impression que je veux lui laisser avant de partir. Je me retourne à moitié avant d'atteindre l'escalier et lui lance, par dessus mon épaule :

Et sèche tes cheveux avant qu'ils gèlent !

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