La grande ville d'Eldoria. Ses magasins, ses tavernes. C'est aussi une ville où il faut faire encore plus attention que d'habitude. Bandana et joli chapeau de feutre noir couvrent ma tête, et autre que ma chemise au col de cuir et mon corset, je porte également une capeline grise pour cacher mon pantalon, là où ma queue pourrait former des bosses. Je me sens bien, ici ; la foule ne me connaît pas, je ne suis pas recherchée. C'est extrêmement agréable. D'autant plus que je sais que, ce soir, j'aurais une place sur le navire de Do, que j'aurais à manger, à boire, des amis pour m'entourer et écouter mes chansons, quand ils ne reprennent pas avec moi les couplets qu'ils connaissent. Je m'approche d'un marchand, y achète une pomme et une outre de cidre. Je croque dans le fruit, apprécie son goût acidulé et frais, et la boisson pétille sur ma langue. Alors que je finis la pomme, croquant jusqu'au trognon, des bruits dans la ruelle sur ma droite attirent mon attention.
▬ Sniff, sniff.
Quelqu'un pleure ? Je m'approche, de mon pas léger. C'est une gamine, assise sur une marche, devant ce qui semble être sa maison. Elle lève son regard sur moi, et je vois les larmes rouler sur ses joues. Je hausse les sourcils : sa tristesse et son chagrin me crèvent d'avance le coeur.
▬ Petite ? je demande, doucement, d'une voix basse, et la gamine renifle sans aucune grâce.
▬ Vous, s'il-vous-plaît, aidez-moi. J'étais en train de me balader avec Floufiie, mon chien, quand un garçon est arrivé en courant et me l'a volé. Mon pauvre Floufiie * sniff *. S'il-vous-plaît, aidez-moi à retrouver mon chien, je vous récompenserai. Mon pauuuuvre Floufiie, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé * sniff *
▬ On t'a volé ton chien ?
Je me demande bien pourquoi est-ce que quelqu'un volerait le chien d'une petite fille. La gamine hoche la tête, et elle se lève pour s'approcher de moi, plantant ses petits yeux rougis par les pleurs sur mon visage. Je me sens gênée et un peu maladroite. Puis je lui tapote sa petite tête blonde, en souriant le plus doucement possible.
▬ Hé bien, montre-moi où on te l'a volé. Tu vas voir, je vais te le retrouver en un rien de temps.
Je me montre peut-être trop optimiste, je sais. Mais tant pis. Nous traversons la ruelle, et je la suis avec l'impression que c'est moi, le chien qu'elle promène. Enfin, elle me montre le lieu du délit et, discrètement, je renifle. Oui, oui, juste là, en fond, une odeur animale, purement animale, canine. Je renifle encore, et je ressens la sente. Je souris à la gamine, et lui ordonne de rester là. Je marche donc, fendant la foule, cherchant ce qui m'amène ici. L'odeur se mêle parfois à celle des autres en se mélangeant comme dans un gigantesque chaudron bouillonnant. Mais je suis sûre de ce que je fais, et mes pas m'amènent jusqu'à une autre ruelle.
▬ Wouf, wouf !
▬ Chut, ne fais pas de bruit, Ecureuil.
▬ Il s'appelle Floufiie je crois, petit, pas Ecureuil.
Le gamin qui se tient là, en train de lancer une balle plutôt sale à un chien minuscule, sursaute et tourne vers moi un regard paniqué. Je m'immobilise, et l'observe ; il a l'air plutôt sale, et ses vêtements sont raides de boue par endroit. Le chien, lui, renifle dans ma direction et aboie d'un air amical.
▬ C'est pour jouer avec lui que tu l'as volé ? je demande, avec curiosité, et le gamin se lève, se frotte les mains, se mordilla la joue.
▬ Oui, avoue t-il enfin, en baissant les yeux.
▬ La petite fille est très triste, sans son chien. Pourquoi ne viendrais-tu pas avec moi le lui rendre ? Et tu veux savoir un secret ? Je suis sûre qu'elle te laissera jouer avec eux.
Il lève les yeux, brillants et pleins d'espoir. Alors, comme ça, c'est un ami qu'il voulait. Bien. Nous repartons dans la direction inverse, vers là où j'ai laissé la petite. Quand elle voit son chien, elle s'élance vers lui et le prend dans ses bras - ce qui n'a pas l'air de plaire au dénommé Floufiie mais qu'importe.
▬ Pardon, marmonne le gamin, d'un air bougon, apparemment à contre-coeur, et j'interviens, avant que la gamine ne l'admoneste.
▬ Il ne voulait pas de mal à ton chien. Regarde, Floufiie a l'air de bien vous aimer, tous les deux. Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble ?
Les gamins me jettent un regard curieux, puis semblent accepter ma proposition. Le gosse s'élance, le chien le suit, et l'enfante va faire de même quand elle s'arrête dans son élan et se tourne vers moi.
▬ Merci, madame. Tenez.
Et elle m'offre quelques picaillons, piécettes sans beaucoup de valeur. Je la remercie, cependant, et l'observe s'éloigner en courant derrière le garçon et le chien, qui jouent un peu plus loin. Au moins, elle ne pleurera plus, c'est déjà ça, non ?
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Sujet: [Quête] Floufiie a disparu [SOLO]